DATURA4 – Blessed Is The Boogie

Alive
Boogie, Rock
DATURA4 - Blessed Is The Boogie

Quatuor australien au regard résolument fixé sur le rétroviseur, Datura4 se rit ouvertement de la prétendue évolution musicale du demi-sècle écoulé. Rien d’étonnant si l’on considère les états de service de ses membres. Le guitariste-chanteur Dom Mariani fut en effet le leader des légendaires revivalistes The Stems, tandis que son complice Greg Hitchcock fut membre de You Am I et des New Christs de Rob Younger, et que Warren Hall fut auparavant batteur de The Drones. Après deux premiers albums (“Demon Blues” en 2015 et “Hairy Mountain” l’année suivante), ils récidivent avec toutefois un changement notable. Hitchcok cède en effet le pas au claviériste Bob Patient, et le son s’en trouve enrichi (Mariani continuant d’assurer en studio les doubles parties de guitares qui établirent leur trademark). Plus proche du “Back Where I Started” de ces ex-Yardbirds de Box Of Frogs et du “Spirit In The Sky” de Norman Greenbaum que de “La Grange”, la plage titulaire n’en rend pas moins hommage à ce pan essentiel de la musique à secouer le popotin qu’initia en son temps l’indépassable John Lee Hooker. Avec son tandem de twin-guitars, “Run With Lucy” et “Sounds Of Gold” rappellent avec bonheur et gourmandise les Georgia Satellites de Dan Baird, tandis que “Black Dog Keep Running” (toute wah-wah dehors) et le furieux “Looper” en font autant avec les Dusters de Ken McMahan, et qu’avec son shuffle lascif et son orgue juteux, le “Ooh Poo Pah Doo” de Jessie Hill se mue en cousin austral du “Black Night” de Deep Purple. Campé sur un mid-poum-poum-tchak imperturbable, “Evil People Pt. 2” (nulle trace de part. 1, bien entendu) exhale un parfum early-seventies plus qu’assumé (dans l’esprit du “Faith Healer” d’Alex Harvey Band), tout comme la ballade “Not For Me” (cousine du “Thank You” qui ornait le second Zep), ainsi que “Cat On A Roof” et “The City Of Lights” (versant Wishbone Ash). Il y a quarante ans, les Barracudas clamaient vouloir retourner en 1965. Aujourd’hui, c’est à un bond en arrière d’un demi-siècle qu’aspire Datura4. À l’écoute de cette jubilatoire rondelle en forme de madeleine, on y consent volontiers. Seule réserve: quelqu’un sait-il où trouver des pattes d’eph ces temps-ci?

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 7th 2020