Darko Rundek & Cargo Orkestar – Live in Youth Club Belgrade

MenArt – Métisse Music - CD-PDS0205
World Music
Et voilà un opus que je vous recommande d’acquérir de toute urgence. Mettez votre gyrophare et vos warning, klaxonnez autant que vous le souhaitez mais foncez dénicher cette perle qu’est cet album live. Et pas seulement parce que cet opus n’aurait sans doute jamais vu le jour tant Darko Rundek est allergique aux enregistrements en public, mais parce que cet album est tout d’abord d’une qualité sonore exceptionnelle et qu’il est bourré d’une énergie diabolique. Le genre d’album que vous écoutez le matin et qui donne la pêche pour toute la journée, que vous écoutez le soir et qui illumine votre soirée, que ce soit pour un dîner en amoureux ou une soirée entre amis.
 
Mais le plus magique est que non seulement cet opus renferme et communique une énergie diaboliquement contagieuse, je vous l’ai dit, mais qu’il a, aussi et surtout, une âme. Ce truc en plus que peu d’albums vous font ressentir, même enregistrés en live. Ce truc que quelques artistes ont le don de vous transmettre et qui font de leur opus une pièce essentielle de votre CD-thèque et de votre vie.
 
Cette magie, cet album live le doit en partie à l’histoire même de Darko Rundek, qui fut le chanteur- auteur-compositeur du légendaire groupe new wave Haustor et qui, dans les années 90, tandis que la Yougoslavie s’effondrait, monta tout d’abord une radio de résistance logée sur un cargo croisant au large des côtes adriatiques puis s’exila de Zagreb à la banlieue parisienne pour y rassembler atour de lui une nouvelle famille composée de rescapés de tous les coins des Balkans. Ensemble, ils embarquèrent pour une nouvelle ‘croisière’ musicale à bord de Cargo Orkestar, loin de leur pays mais terriblement proche de lui par la pensée.
 
En 2004 sort leur premier opus, ‘Ruke’ (‘les mains’) et deux ans plus tard le Cargo Orkestar lève l’ancre pour un nouveau voyage au long cours avec un second album, ‘Mhm a-ha Oh Yeah Da-Da’.
 
C’est durant la tournée qui suit la sortie de cet album que ce live est enregistré, pendant le concert donné au Youth Club, à Belgrade, en 2007. Un concert au cours duquel Darko Rundek et son Cargo Orkestar retracent en musique toutes les traversées de leur cargo. Un concert à la dimension bouleversante et qui vous fera dresser les poils plus d’une fois, si ce n’est vous arrachera les larmes, comme sur ce monumental ‘Zvuk Oluje’ (The Sound Of The Storm) chanté en chœur par la salle entière, et sur ce final de plus de sept minutes, ‘Sal Od Svile’ (The Silent Scarf), chanté à la Paolo Conte, avec cette voix qui vous serre le cœur, vous prend aux tripes, vous fait grimper aux étoiles tandis que le public, telle une seule et unique personne, chante chaque parole en même temps que Darko. Un moment d’une immense beauté et qui, tel un coucher de soleil unique, vous fera chialer comme un gosse. Il y a des instants, come cela, dans la vie, où le sens des mots n’est plus assez fort pour traduire ce que l’on ressent.
 
Inutile donc de vous dire que sur tel ou tel titre le public exprime sa joie, son émotion en reprenant les refrains avec Darko et son Cargo car tout, tout est ici d’une densité émotionnelle rare. A l’image de cette immense émotion qui a du envahir Darko, ses musiciens et tout le public pendant ce concert.
Et lorsque le public bat des mains, comme sur ‘Kolo’, vous ne pouvez vous retenir et vous tapez, vous aussi, des mains, car vous n’êtes plus dans votre salon mais dans le Youth Club de Belgrade, au milieu de ce public qui communie avec son idole. Une idole qui a longuement réfléchi avant d’accepter que cet album live ne sorte, l’artiste étant plutôt opposé à ces CD qui soit retranscrivent de manière tronquée ce que veulent transmettre les musiciens, soit parce que ces enregistrements sont remixés et retravaillés de telle manière qu’ils perdent cette spontanéité qui en fait leur raison d’être.
 
Pour notre plus grand bonheur, ce concert a été retranscrit tel que, et Darko a donné son accord à la sortie de l’album. Un album qui est et restera l’un des indispensables de toute CD-thèque parce que, comme je vous le disais au tout début de cette chronique, non seulement il renferme et communique une énergie diaboliquement contagieuse, mais parce qu’il a, aussi et surtout, une âme.
 
Frankie Bluesy Pfeiffer
Darko Rundek & Cargo Orkestar