Rock |
Daran nous revient, sans ses ‘chaises’ mais avec ses tripes et son cœur, tout cela étalé sur les treize (clin d’œil à son label, XIII Bis…?) titres, mélange salé-sucré d’anciennes chansons et de plus récentes, comme pour chasser cette poussière qui s’est lentement et insidieusement déposée sur la discographie du bonhomme depuis…., sans doute depuis le scud que fut ‘Huit Barré’, excellent album de rock français sorti en 1995, il y a quinze ans déjà.
De cet opus magistral qui n’eut malheureusement pas la reconnaissance qu’il aurait fort logiquement méritée (en France comme à l’étranger), Daran vous propose ici l’excellent ‘Via Felicita’ (en version 1995) et le carton que fut ‘Dormir dehors’, version réengistrée et mixée en 2009, car comment faire l’impasse sur cette chanson culte pour tout un parterre de rockeurs qui avaient depuis longtemps compris que le rock français était du côté de Daran et quelques autres plutôt que chez Johnny & Co.
On aimera aussi beaucoup, du moins j’ai vachement aimé, faut le dire, des titres comme ‘Olivia’, une chanson au rythme qui cartonne et fait valser tout ce qui traîne sur la table, ‘Les filles qui font la gueule’ car comme Daran, ‘j’aime les filles un peu pudiques, pas celles qui s’offrent en présentoir’, j’adore, hé oui, ‘Strict nécessaire’, avec ce riff de gratte qui sonne comme celle du Nono de Trust, avec cette rythmique lourde qui envoie et qui balaie tout sur son passage, avec aussi ces paroles qui me vont bien. Ha, si seulement on n’avait autour de nous que des gens conscients qu’il leur faut le strict nécessaire, et seulement le strict nécessaire. D’ailleurs être rock, en 2010, n’est-ce pas savoir se contenter du ‘strict nécessaire’?
Dans la série des titres qu’on adore, qu’on encadre, qu’on se rejoue jusqu’à plus soif y’a aussi ‘Augustin et Anita’, repris de l’opus ‘Augustin et Anita’, sorti en 2000 et sur lequel Daran a retrouvé ce souffle rock puissant, viscéral, duquel, punaise, le loustic n’aurait jamais, non, jamais du s’écarter. C’est pourquoi je fais l’impasse sur ‘Anatomique’ et ‘Extrême’, pour me remettre ‘Augustin et Anita’ puis ‘Rien ne m’y oblige’, morceaux qui ont la sève, le truc qui fait la différence, qui ont le sang rock, le vrai, le chaud, le plus intense.
Petit crochet acoustique-folk avec ‘Oublie tout’, histoire de ne pas oublier ce que l’on vient d’entendre avant de s’envoyer ‘La Télévision’ puis ‘Les morceaux’, deux titres au son bien rock mais sur lesquels Daran ne semble plus avoir la rage des années 90, comme si le poids des années avait commencé à peser, à moins que ce ne soit cette poussière qui s’est déposée et que le Daran chasse d’un revers de main avec cet opus qui aura réussi un grand truc si vous vous précipitez sur les autres albums de Daran, voire même à faire un peu plus de place, car vous reviendrez aussi avec des chaises, j’en suis sûr, celles de Daran et Les Chaises.
En 2010, être rock c’est savoir se meubler, alors allez chercher Les Chaises, balayez tout ce qui est ‘Couvert de poussière’, sinon contentez-vous du ‘Strict nécessaire’ et allez ‘Dormir dehors’.
En 2010, être rock c’est écouter Daran et lire la BD réalisée par Michel Alzéal et inspirée des chansons du rockeur français.
Frankie Bluesy Pfeiffer
daran