Livre

Dans les prolégomènes de ce recueil “de luxe” (format 18,3 x 28 cm, reliure à vernis sélectif) des sept premiers épisodes de Danger Girl, le dessinateur Jeffery Scott Campbell (Gen 13, Spider Man, Army Of Darkness), d’East Awas, MI, revient sur son intention première: bâtir une BD d’action comme un blockbuster, en cinémascope (doubles pages “mini-posters”) et en mouvement quasi-perpétuel (ligne claire “revisitée”). Quatre ans de travail lui auront été nécessaires, à lui et à son équipe (dont des encreurs à forte valeur ajoutée), pour donner vie à l’agence d’espionnage DG cornaquée par un vieux beau à la Sean Connery, qui emprunte autant aux Charlie’s Angels pour papys salauds qu’aux Totally Spies pour ados à excès de sébum. A l’issue d’un prologue monté à la Austin Powers et d’un générique digne d’un James Bond de l’ère Harry Saltzman/ Albert R. Broccoli, les enjeux sont posés. Lancée sur les traces d’une organisation internationale néonazie – le Hammer – Danger Girl (Natalia Kassle, ex-agent des renseignements russes, Sydney Savage, agent des opérations spéciales australiennes, et Silicon Valerie, génie de l’informatique, qui jouent respectivement du couteau, du fouet et de la souris) compte sur l’expertise de l’aventurière solo Abbey Chase pour pister et identifier trois objets mystiques : un bouclier d’immunité, un casque d’ubiquité et une épée de souveraineté (rime riche). Il n’a pas échappé à un autre Campbell du clan, Bruce (le Ash d’Evil Dead et l’Elvis de Bubba Ho-Tep), sollicité pour l’introduction, que le dessin virtuose obéit à quelques codes, comme celui du petit nez retroussé pour les gentilles et du maquillage “camion volé” pour les méchantes. Moins fun, la confusion récurrente entre indicatif futur et conditionnel présent dans les phylactères est révélatrice du niveau grammatical de la nouvelle génération de traducteurs anglais/ français.

Jean-Christophe Baugé
BLUES MAGAZINE/ JAZZ NEWS/ LEGACY (DE)/ METAL OBS’ + CLASSIC OBS’/ PARIS-MOVE/ ROCK & FOLK