DADDY LONG LEGS – Street Sermons

Yep Roc Records
Blues, Rock 'n roll
DADDY LONG LEGS - Street Sermons

D’ordinaire, les formations dont le nom épouse celui de leur leader n’augurent guère de stabilité parmi leur personnel (cf. Alice Cooper, Santana, Steve Miller Band, Don Harrison Band, Jim Jones Revue, Marylin Manson, etc…). Originaire de Brooklyn, ce trio (récemment augmenté d’un quatrième larron aux claviers) s’emploie (entre autres) à faire mentir cet adage. En quinze ans d’existence, Daddy Long Legs n’a en effet connu qu’un seul changement de line-up, quand leur leader éponyme (alias Brian Hurd, chant, harmonica, resonator guitars, piano, banjo, kazoo) adopta pour comparses le guitariste Murat Aktürk et le batteur (et graphiste) Josh Styles. Hurd considère son gang comme un commando en mission pour réhabiliter les origines minimalistes et primitives du blues rural des origines, sans se cantonner pour autant à un purisme stérile. Leur quatrième album que voici propose une douzaine de compositions originales, et s’ouvre sur la plage titulaire, espèce de protest hoodoo holler proclamant “Work with one another/Not against each other”, avant que “Nightmare” n’emprunte son intro vocale (et son pont) au “Twist And Shout” des Isleys, et son entrain au Slade des grands jours. Si ce n’est que la formation de Wolverhampton n’a jamais accordé de choruses à un harmonica aussi enflammé, ni usé d’une slide aussi cisaillante! La comparaison avec la bande à Noddy Holder se prolonge avec le truculent et enjoué “Rockin’ My Boogie”, aux relents conjoints de Chuck Berry et Jerry Lee Lewis. C’est le grand Lew Lewis période Reformer qu’évoque ensuite le bien intitulé “Harmonica Razor”, instrumental comme en assénait jadis le J. Geils Band au temps béni de son explosif “Whammer Jammer”. Little Walter peut reposer en paix, son héritage de performer virtuose et à moitié cinglé a fructifié! Toujours une platform boot chez Slade et une sneaker chez Eddie & The Hot Rods, “Been A Fool Once” combine foot stompin’ choirs, choruses incendiaires d’harmonica et slide joviale. Retour à la manière semi-acoustique des débuts du trio, “Star” est une saddle country tune à la Johnny Cash, traversée d’un chorus de slide reverb plus proche de Bakersfield que de Nashville. Il n’est que temps pour un diddley-beat sauvage à souhait, et c’est le prémonitoire “You’ll Die Too” qui s’y colle, Styles y martelant ses peaux basse et medium avec une belle énergie, tandis que son leader éructe comme un pourceau entre deux rasades de Mississippi saxophone. Déjà aux chœurs sur “Nightmare”, le vétéran Wreckless Eric récidive sur le non moins hanté “Silver Satin”, dans un registre rockab’ de train fantôme rappelant, avec son orgue zinzinant, les Unknowns du regretté Bruce Joyner. Le saxophoniste Tovey Halleck souffle à l’unisson de l’harmo sur le boogie choral “Two Dollar Holler”, avant qu’un autre invité ne pointe le museau sur le jug-band “Ding-Ding Man”, en la personne de l’historique John Sebastian, où ce dernier officie à la barytone guitar, tandis que Brian Hurd lui réplique au kazoo façon Tiny Tim et Mungo Jerry. C’est sur le beat d’intro de l’historique “Be My Baby” des Ronettes (via Phil Spector) que se déploie “Stop What You’re Doing” (tambourin et chœurs à l’appui). Y ajouter un solo de dobro relèverait de l’incongru, mais rien de tel ne rebute nos spadassins, qui n’en sont plus à un sacrilège près. Ils ferment le ban sur le country-billy “Electro-Motive Blues” digne du Reverend Peyton’s Big Damn Band, mais nous cédons néanmoins la conclusion à Brian Hurd en personne: “J’ai abandonné les études avant d’atteindre le lycée. Je n’ai jamais passé le permis de conduire, n’ai jamais été marié et n’ai pas d’enfants non plus. Je n’ai pas de maison ni d’appartement, et ne possède pour toutes valeurs que ma guitare et ma collection de disques. Je me passe donc de beaucoup de choses que la plupart des gens considèrent importantes, mais c’est la voie que j’ai choisie, et cela me convient parfaitement ainsi”. Très loin d’Eric Clapton, Wet Leg, Larkin Poe et Joe Bonamassa, le blues et le rock n’ roll compteraient donc encore quelques moines-soldats? Ceux-ci n’ont en tout cas rien de bien catholique, mais c’est finalement heureux!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, August 17th 2025

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UK & US Tour dates :

FRIDAY 5 SEPTEMBER 8:00 PM
Norwich Arts Centre, Norwich, UK

SUNDAY 7 SEPTEMBER 8:00 PM
The Prince Albert, Brighton, UK

TUESDAY 16 SEPTEMBER 7:30 PM
YES The Pink Room, Manchester, UK

WEDNESDAY 17 SEPTEMBER 7:30 PM
Bedford Esquires, Bedford, UK

THURSDAY 18 SEPTEMBER 7:30 PM
The 100 Club, London, UK

SATURDAY 20 SEPTEMBER 7:30 PM
The Cluny, Newcastle Upon Tyne, UK

THURSDAY 13 NOVEMBER 8:00 PM
Bearsville Theater, Woodstock, NY, US

SATURDAY 15 NOVEMBER 9:00 PM
The Bug Jar, Rochester, NY, US

TUESDAY 18 NOVEMBER 7:00 PM
Revival Room, Southgate House Revival, Newport, KY, US

SATURDAY 22 NOVEMBER 8:30 PM
FitzGerald’s, Berwyn, IL, US