CURTIS SALGADO & ALAN HAGER – Rough Cut

Alligator
Blues

En près de quarante ans de carrière, Curtis Salgado présente un CV qui ressemble à un Who’s Who du blues contemporain. Premier chanteur du Robert Cray band, on devait le trouver ensuite en frontman de Roomful Of Blues, avant qu’il ne fonde son propre groupe, les Stilletos, et n’apparaisse auprès de Carlos Santana en 1995. Entre-temps, son amitié avec le regretté John Belushi en avait fait l’éminence grise qui présida à la naissance des Blues Brothers! Ayant survécu à une transplantation du foie en 2005, Curtis Salgado signa en 2012 chez Alligator, après quatre albums sur Shanachie. Un cancer du poumon et un quadruple pontage plus tard, le bonhomme est toujours là. Originaire de Portland, Oregon, Alan Hager entama sa complicté musicale avec Curtis Salgado voici une quinzaine d’années, alternant le rôle de lead guitarist dans le groupe de ce dernier, avec celui de partenaire au sein du duo acoustique sous la forme duquel ils se produisent régulièrement de par les festivals du monde entier. C’est cette formule chant-guitare-harmonica qu’ils proposent au fil des 13 plages de cet album. Hager s’y confirme en tant qu’impressionnant styliste du blues acoustique traditionnel, comme en témoignent leurs reprises du “Depot Blues” de Son House et du gospel traditionnel “Morning Train” (à l’impeccable picking Piedmont style). Malgré l’apport discret et occasionnel de trois batteurs distincts (parmi lesquels Jimi Bott, ex-Fabulous Thunderbirds et Mighty Flyers), cette rondelle essentiellement acoustique transpire toute la science et la ferveur d’une paire de passionnés envers le blues des origines, avant que l’électricité et la tendance à la démonstration n’en dissipent quelque peu l’essence. Quand Salgado embouche son harmo et que Hager fait glisser son bottleneck (comme sur le “You Gotta Move” d’Elmore James, le “Too Young To Die” de Sonny Boy Williamson, le “Long Train Blues” de Joe Wilkins et “I Want You By My Side” de Big Bill Broonzy), on ne peut réprimer le souvenir vivace d’autres duos, tels que Terry/McGhee ou Cephas & Wiggins. Et quand Curtis s’assied au piano pour son propre “Hell In A Handbasket”, c’est pour célébrer la tradition de géants du passé tels que Memphis Slim, Roosevelt Sykes, Otis Spann et Champion Jack Dupree. Dès la plage d’ouverture, “I Will Not Surrender” (capté en une seule prise live), ces lascars vous embarquent pour un voyage à travers le temps, d’où l’on ne revient que pour se ruer vers la section classic blues de sa propre collection: du grand art!
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Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
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