CROSSING – Digression

Madajam
Jazz
CROSSING - Digression

Crossing est né de la rencontre entre le saxophoniste alto bourguignon Baptiste Poulin et le pianiste martiniquais Xavier Belin. Simultanément lauréat du Prix du Public et de celui du Jury du tremplin Golden Jazz Trophy en 2019 (co-organisé par Golden Eyes et Jazz En Nord), ce dernier est assurément l’un des jeunes pianistes français les plus prometteurs. Major de la promotion 2014 de l’International Music Educator Of Paris (et également diplômé du Pôle Supérieur de Musique de la capitale), il a constitué en 2018 Pitakpi, quartette fortement réminiscent des musiques dites “afro-descendantes” (chroniqué ICI). Baptiste est, quant à lui, un jeune compositeur et interprète dont la notoriété s’est d’abord affirmée en son terreau mâconnais, avant qu’il n’intègre le Pôle Supérieur de Musique de Paris (dirigé par Jean-Charles Richard), au sein duquel il se lia avec Xavier. Collaborant désormais avec des figures marquantes du jazz hexagonal (Franck Tortiller, Pierre de Bethmann, Éric Prost), il a participé à l’ONJ de Fred Morin, et créé la fanfare hip-hop/ New-Orleans Take Off Brass Band. Valse tour à tour placide et enlevée, “Entre Terre Et Mer” permet à chacun de nos protagonistes d’alterner choruses et accompagnement, selon un dialogue confirmant leur évidente complicité, avant que “Arquer Bô Lanmè” ne nous entraîne, sur un autre beat ternaire, vers un isotope où le jeu de Xavier sur la gauche du clavier tient lieu de salle des machines. Le sax de Baptiste en profite pour s’épancher en volutes ponctuées de pizzicati (si l’on peut user d’un tel terme, parlant d’un instrument à anches), avant que Xavier n’y prenne un chorus entre Caraïbes et Maurice Ravel. Avec sa structure morcelée, “Solitude” rompt ce ballet tournoyant en un va-et-vient de phrases heurtées, passages modulés et traitements électroniques, produisant de saisissants effets impressionnistes, avant que le chaloupé “Travail d’Équipe” ne renvoie cette fois à Satie, avec son pattern répétitif sur les touches graves, autour duquel chacun de nos amis brode à loisir. Sur un bossa beat, “Si J’Avais” et “In A Hurry” rappellent d’autres grands duos sax-piano, tels que ceux que formèrent jadis Stan Getz et Kenny Barron, ou encore Lee Konitz et Martial Solal, tandis que la plage titulaire qui ferme le ban (et sur laquelle l’instrument de Baptiste se nimbe d’un écho surprenant) évoque les collaborations de Brad Mehldau et Joshua Redman. Un album dont la liberté, l’échange et la complicité se révèlent les valeurs cardinales, confirmant si besoin était la fécondité de la génération ascendante de jazzmen français.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, December 31st 2024

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