Rockabilly

Paul Pigat le sait bien: en matière de rockab’, depuis Brian Setzer et Darrell Higham, les virtuoses des six cordes ont massivement jeté l’éponge. Mais peu lui chaut, le gusse s’obstine. Alliant la vélocité de Chet Atkins à l’intrépidité de Cliff Gallup et Paul Burlison (“Gone, Gone, Gone”), cet autre Paul pilote depuis Vancouver (et près de vingt piges) son propre trio tout-terrain, du nom de Cousin Harley. Sans souci de contraintes de styles, de genres ou d’étiquettes, dont il n’a manifestement cure (en angliche: he don’t give a fuck), il persiste à explorer (et exploser), nez au vent, le vaste territoire que lui ont légué des pionniers tels que Bob Wills, Sam C. Phillips, Sonny Burgess, Gégène et consorts. Entre Johnny Burnette millésimé (“Right Back With The Blues”), Leroi Brothers remontés (“Who’s That Lyin'”, “Rained Like Hell”, “Where’d She Go”), Reverend Horton Heat en transe (la plage titulaire), Texas-swing défroqué (“Dancing For Bobo”), instrumentaux semi-klezmer (la polka frénétique “Merle The Gipsy”) et latin mambo façon Champs circa “Tequila” (“El Swartho’s Big Adventure”, “She’s My Baby”), ce septième album de la formation confirme, si besoin était, l’insolente vitalité d’un genre increvable (que l’on tenta pourtant d’enterrer dès l’aube des sixties). Mauvaise graine ne saurait mourir: à présent que les Stray Cats abordent le club des sexagénaires, un peu de sang frais n’est sans doute pas à négliger.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, January 4th 2021

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