Americana

On avait quitté Courtney Marie Andrews il y a deux ans sur un semi-classique, “May Your Kindness Remain”, dont les écoutes répétées ont depuis amplement confirmé le statut. Plus mélancolique et introspectif encore que son prédécesseur, cet “Old Flowers” embarque l’auditeur sur des flots de spleen tourmenté (“Guilty”, “If I Told”, “Break The Spell”), tutoyant à l’occasion le Neil Young de “Birds” et “After The Gold Rush” (comme sur les poignants “Together Or Alone” et “Carnival Dreams”, ainsi que la plage titulaire, où elle s’accompagne seule au piano). Qu’un tel torrent d’émotions puisse émaner d’une si jeune femme laisse pantois. On prétend qu’une vieille âme vient parfois s’incarner en des corps juvéniles, et s’il n’était la limpidité de son vibrato, on jurerait qu’il en est cette fois ainsi. Sur de placides chevauchées comme “Burlap String”, “It Must Be Someone Else’s Fault” et “How You Get Hurt”, elle s’impose avec un naturel désarmant dans le restreint pré carré des grandes country singers classiques. Avant même son trentième anniversaire (et en à peine dix ans de carrière), Courtney Marie Andrews compte désormais parmi les grandes interprètes-compositrices de l’Americana contemporaine: un talent majeur, à la verve et la puissance évocatrice rarement égalées. Un album évoquant la brume sur la campagne, que l’on scruterait seul(e) à travers des fenêtres brouillées.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 3rd 2020

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