Cotton Belly’s – This Day…

Autoproduction
Blues

Quatrième CD déjà, pour ces cotonneux qui ne manquent certes pas d’estomac. Si le line-up semble avoir quelque peu évolué, on demeure en terre de connivence, puisque le surdoué Yann Malek officie toujours au lead vocal ainsi qu’au lap-steel, à la guitare-résonator et à l’harmonica (ouf!). Subtil équilibre entre blues et (parfois) reggae, comme entre instrumentations électrique et acoustique, Cotton Belly’s réussit à sonner à la fois roots et moderne. Quitte à dresser d’improbables passerelles, de celles qui relieraient, dans un continuum infini, le picking de Reverend Gary Davis aux acrobaties slide d’un John Butler. “Wild Camels” évoque ainsi les excursions chaloupées de ce dernier, tandis que “Mr. Bedman” renvoie à cet épatant dialogue acoustique/électrique dont Jorma Kaukonen fut un temps le héraut. Ces références appuyées ne devraient toutefois pas masquer l’originalité certaine de cette vivifiante formation. Et ce, même après avoir confessé que le timbre chaud et discrètement voilé de Malek rappelle, de ci de là, celui du regretté Robert Palmer des tout débuts. On en redemande.

Patrick Dallongeville
Paris-Move

 

Leurs trois premiers opus avaient déjà marqué de leur empreinte la route du Blues made in France. ‘This Day’ enfonce le clou et confirme l’immense talent de cette formation dont les chansons puisent leurs racines au plus profond de l’histoire du blues, avec cette simplicité et ce naturel qui font table rase de ces arrangements racoleurs des mauvais fabricants de blues commercial. Et puis Yann Malek possède une voix qui ne laisse pas insensible: vous y retrouvez le chant gorgé d’espoir des travailleurs des champs de coton mêlé à la complainte des hommes qui rêvent d’une autre vie, avec en plus cette foutue vibration de ceux qui chantent si bien les femmes et l’amour. Il donne une seconde âme au Blues, celle d’un blanc qui en est le digne héritier. Et comme l’avait écrit Nat’ Harrap (Blues Matters), il n’y en pas beaucoup, en France, qui ont une telle qualité de chant en anglais: «Un chanteur français qui a non seulement une voix, superbe, mais avec l’intonation, le phrasé parfait lorsqu’il chante en anglais.»
Côté titres alignés ici, inutile de vous en ressortir un plus qu’un autre, car du début à la fin de l’album, c’est émotion garantie. Sans hésiter, et parole de Frankie Bluesy, l’un des tous meilleurs albums de blues de ces dernières années…!
Autoproduit, cet album mérite le droit de figurer à côté de ceux des légendes du blues: un disque remarquable, sur le fond comme sur la forme, et donc indispensable! Respect, messieurs les cotonneux!

Frankie Bluesy Pfeiffer