Cotton Belly’s – Cotton Belly’s

Autoprod.
Blues
Pour être franc, rares sont les premiers albums aussi aboutis et dont la qualité de l’ensemble est aussi classe. Pour sortir pareille merveille on a l’impression que les Cotton Belly’s ont soit du passer un temps pas possible à composer, trier, répéter, enregistrer, mixer, soit ils l’on fait les doigts dans le nez, avec cette insolence qui sied aux mecs qui ont du talent. Un talent qui éclabousse tout et qui confirme qu’on a décidément pas mal de supers combos dans l’hexagone. Des artistes auxquels, pour certains, il ne manque rien pour que leur carrière devienne internationale, surtout lorsque l’on a dans sa formation un chanteur qui a non seulement une voix, superbe, mais avec l’intonation, le phrasé parfait lorsqu’il chante en anglais. Et comme le dit Nathalie ‘Nat’ Harrap, de Blues Matters! (mag numéro 1 du blues outre-manche), il n’y en pas beaucoup, en France, qui ont une telle qualité de chant en anglais.
 
Les qualités de chanteur de Yann ‘Willywood’ Malek étant précisées, n’oublions pas que celui-ci est également l’harmoniciste du groupe, et quel harmoniciste. Un artiste qui joue avec décontraction et ce grain de folie qui fait la différence.
Côté guitares, on passe aussi bien de la six cordes électrique à la guitare acoustique ou au résonateur, et côté rythmique on passe de la contrebasse à la basse électrique, de la batterie au cajon, donnant ainsi à chacun des douze titres proposés une atmosphère propre, unique. De même que l’on passe d’un sautillant ‘Cup Song’ à une gigue endiablée, ‘Cotton Jig’, qui fait suite à un très acoustique ‘Shy Boy’ dont la rythmique est réalisée uniquement à partir de claquements de doigts.
 
Morceaux aux arrangements plus étoffés et plus riches, ‘Stranger At Home’ et ‘Down The Riverside’ démontrent que le combo a non seulement le talent pour composer ses propres titres mais aussi pour faire siennes des reprises arrangées à la sauce Cotton Belly’s. Une sauce épicée et aux saveurs riches et variées qui prouve toute l’étendue de la palette musicale des 5 compères qui forment Cotton Belly’s.
 
Coup de cœur personnel pour deux titres, et comme par hasard (mais un moine japonais m’avait appris, autrefois, que le hasard n’existe pas!) les deux derniers de cet opus: l’excellent ‘Reason’ sur lequel la voix de Yann Malek prend parfois une profondeur unique qui montre que le garçon a encore un bien beau potentiel vocal (alors que le loustic vole déjà à une altitude nettement supérieure à pas mal de chanteurs frenchies), et ‘Mambo’, qui est pour moi ‘la’ chanson, le titre référence de cet album. Tout y est: l’intro musicale en douceur, la voix calme, posée avant la montée en puissance, jusqu’à l’emballement final, le déluge, le tsunami bluesy qui vous colle une telle baffe que vous vous demandez si vous n’allez pas faire un tri sévère dans votre CD-thèque et bazarder une bonne partie de vos CD de blues français.
 
Un putain de groupe, ces Cotton Belly’s, et qui mérite incontestablement d’entrer par la grande porte dans les salles de concert et les festivals, en Europe comme aux States.
Respect, tout simplement.
 
Frankie Bluesy Pfeiffer
 
PS: Signe de cette insolence et de cette décontraction qui caractérise le combo, ce titre caché pour lequel il vous faudra poireauter trois bonnes minutes, et en silence.