Psych-Pop, Psych-Rock |
Histoire mille fois rabâchée, mais on vous la ressert quand même… Qu’advient-il, quand deux losers isolés dans une cave du Queens se piquent de fantasmer sur le jam band que leurs capacités techniques limitées leur interdisent? Facile: il y a cinquante ans, ils formaient les Talking Heads, Blondie ou Television, et passaient en quelques mois du statut de cult-band logé en squat miteux (et nourri au restau U) à celui de blockbusters… De nos jours, toutefois, ils retournent plutôt pointer au chômedu, ou sinon ils déménagent… Ce furent précisément ces deux options simultanées qu’adoptèrent les guitaristes et chanteurs Corey Madden et Noah Kohll, quand ils se relocalisèrent à L.A. pour s’y mettre à la colle avec la bassiste Kyla Perlmutter et la batteuse Corey Rose (toutes deux également vocalistes), et emprunter pour appellation commune le titre d’une comédie d’Andrew McLaglen en 1971 (ultime apparition de James Stewart à l’écran). Adeptes de l’improvisation libre sur scène comme en studio, ils ne tardèrent pas à s’y acoquiner avec d’autres formations de même obédience, telles que les Osees ou The Nude Party, Après un premier album publié chez les confidentiels Aquarium Drunkard, ils attisèrent pour ce second essai l’intérêt du label local qui grimpe, New West (Nada Surf, All Them Witches, Angela Strehli, Alejandro Escovedo…). Entre le Neil Young de “Everybody Knows This Is Nowhere” et les Stones de “Soul Survivor”, le “Coronado” d’ouverture (enchaîné sans transition à un “Four Leaf Clover” digne du Grateful Dead) évoque les âpres aspérités de formations débridées contemporaines de ces derniers (le premier Little Feat par exemple, que rappellent également “When The Clouds Roll In” et le rocker éperdu “God In A $”). Ancré dans l’antique tradition d’un psychédélisme originel (quand ses racines bluegrass, folk et country fusionnaient en un même creuset lysergique), Color Green s’efforce d’en dépasser le revival stérile, avec l’apport héréditaire de collectifs qui le précédèrent via le légendaire Paisley Underground (Green On Red, Dream Syndicate, Rain Parade…). La plage titulaire verse ainsi dans le médiévalisme agreste où trempèrent jadis le Blues Project (avant de se scinder en Seatrain), ainsi que le Fairport Convention de Richard Thompson, les Pretty Things de “SF Sorrow” et un certain Keith Relf en rupture de Yardbirds (via Renaissance, le band de sa sœur – sans rapport avec une future Macronie en déroute…). En plein “Mind Games” revival, l’éthéré “5:08” croise en eaux lennonesques, tandis qu’avec leur slide guitar ondulatoire, “Kick The Bucket” et “Ball And Key” se rapprochent du John Mayall californien de “Empty Rooms”. Se refermant sur la sunshine jangle pop “Hazel Eyes” (cousine du “There She Goes” des La’s – et comme elle millésimée Byrds ’66), ce disque élève l’anachronisme au rang du manifeste surréaliste… Mais comme nous l’écrivait il y a quelques jours encore notre ami Bobbo Byrnes, la bonne musique ne connaît pas de date limite de péremption.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, August 2nd 2024
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