Soul |
Cody CHESNUTT n’est pas un problème en soi, mais le bonhomme en a peut-être bien un, tout de même. Qu’il mette régulièrement entre cinq et huit ans à pondre un album ne me cause aucun souci, mais que cette nouvelle livraison flatule tellement par dessus son orifice anal, si. Vouloir utiliser la musique pour délivrer un MESSAGE comporte sa part de risque. Parlant de soul music, dans le meilleur des cas, ça donne Curtis Mayfield ou Marvin Gaye. Mais dans le pire, on se retrouve avec Abd al Malik, et là, ça craint. Tous les mélismes vocaux du monde ne parviennent dès lors pas à masquer l’indigence de vos compositions, et ce n’est pas non plus en enchaînant quatorze plages sans souffler qu’on crée l’illusion d’un concept album vaseux (cette vanité). Bref, même délesté du ridicule casque bleu qu’il arborait à ses débuts, Cody CHESNUTT donne l’impression d’être toujours affecté du même melon que Terence Trent d’Arby et Ben Harper réunis (mais sans une once de leurs bagoûts respectifs). Qu’il se lance dans un pénible ska moralisateur en chantant faux exprès (“Make A Better Man”), qu’il fustige mollement la violence urbaine (“Bullets in the Street And Blood”), ou qu’il tente de moderniser le funk via le pseudo-manifeste “I Stay Ready” ou “Image Of Love”, on a parfois l’impression d’entendre une fade resucée du “Sandinista” que les Clash commirent pourtant voici bientôt quatre décennies. Ou encore, du Jonathan Richman sans l’humour salvateur (“Peace (Side By Side”). On sauvera de ce naufrage les jolis “This Green Leaf” et “Have You Heard Anything From The Lord Today”, mais si c’est ça le futur de la soul, ça ne suscite pas vraiment le désir. Désolé, Cody, mais dans ce registre, rendez nous plutôt Prince!
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Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
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