Chanson française

Bien qu’elle chante des paroles subversives avec autant de détachement que Christine Pilzer, Jacqueline Taïeb ou Stella (future Vander), Elizabeth “Clothilde” Beauvais, fille de l’écrivain Robert Beauvais et de l’actrice Gisèle Parry, est plus proche de ses anti-modèles Françoise Hardy, France Gall ou Sylvie Vartan que le label Born Bad ne voudrait l’admettre. L’ambition de cette French mademoiselle – 18 ans en 1967 – au look d’Emily the Strange est réduite à sa portion congrue. C’est Germinal Tenas, son manager amoureux et directeur artistique des disques Vogue qui, sûr de sa prérogative masculine, lui impose sa musique: un bricolage sonore contre-culturel qui atteindra sa maturation chez Chorus Reverendus puis Jean-Bernard de Libreville (compilations Wizzz Vol. 2 et 3), et arrangé par Jean-Marie Di Maria. Des deux EP, un simple italien plus un inédit d’une carrière éclair ne restent que ces 11 petits chefs-d’œuvre d’humour noir moins lénifiants qu’en apparence, soutenus par du cor, des flûtes, de la scie musicale (“Fallait Pas Ecraser La Queue Du Chat”), de la guitare fuzz, du marimba, de l’orgue (“La Vérité Toute La Vérité”) et… les Charlots (“Des Garçons Faciles”). La facétie ne durera qu’une année: indolente et procrastinatrice, Clothilde refuse de tourner avec Antoine et envoie tout promener dans un ultime caprice d’enfant gâtée. De quoi la priver de l’adulation branchouille des ex-fans des sixties ?

Jean-Christophe Baugé
BLUES MAGAZINE/ JAZZ NEWS/ LEGACY (DE)/ METAL OBS’/ CLASSIC OBS’/ PARIS-MOVE/ ROCK & FOLK

PARIS-MOVE, April 3rd 2021

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Clothilde – French Swinging Mademoiselle – CD à commander chez Born Bad Records (LP épuisé!) ICI

Clothilde – Fallait pas écraser la queue du chat (1967):

Clothilde – Saperlipopette (1968):

Clothilde – 102, 103 (1967):