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Soyons bien clairs: les B-52’s furent une brise rafraîchissante au détour de la fin des seventies. Leur new-wave discoïde y affirmait le pendant d’Athens à l’hégémonie de Blondie et autres Bangles. Point commun à ces formations: chacune comportait d’accortes poupées Barbie, dont le second degré assumé faisait alors la nique aux féministes poilues sous les aisselles genre Patti Smith. Le mot d’ordre était donc, comme chez Cindy Lauper: “girls want to have fun”. OK, pas de problème avec ça. Près de quatre décennies plus tard, Kate Pierson (la fausse rousse du groupe, qui chorusait aux côtés de Michael Stipe dans “Shiny Happy People”) a sorti son album solo. Vous savez comment se déroulent parfois les relations entre collègues: du coup, l’autre perruquée (Cindy Wilson) en a voulu un aussi. Et c’est mauvaise pioche pour toutes les mauvaises raisons. À 60 balais, on ne joue plus les ingénues en minaudant d’un filet de voix ténu sur un disco synthétique qu’on jurerait importé depuis les eighties anglaises les plus rebattues (à moins de s’appeler Mylène Farmer). Surtout quand on n’a virtuellement rien de fondamental à dire (“Things I’d Like To Say”). Résultat: un disque aussi superficiel que superflu, comme si Rick Astley produisait Toyah Willcox. Malgré un “Sunrise” lascivement comateux, les quelques réminiscences de son bon vieux band (“No One Can Tell You”, “Mystic”, et leurs synthés joués à deux doigts sur beat box Roland) ne rattrapent guère ce naufrage, en dépit d’un épatant (et énervé) “Brother” (cover des obscurs Oh-OKs, ex-groupe de Matthew Sweet, avec la sœur de Michael Stipe). Que voulez-vous, Cindy, le générique, c’est pas forcément automatique…
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Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
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