Rock |
J’écrivais, il y a peu, qu’il fallait que l’on garde bien au chaud, à la maison, les artistes talentueux étrangers qui avaient choisi la France comme pays d’adoption. Je pensais notamment, à ce moment là, à Peter Nathanson et à Neal Black. Mais que dire, à plus forte raison, quand il s’agit d’autochtones! Il importe de ne pas les laisser s’enfuir vers de quelconques mirages ou autres Eldorado, comme ce Christophe Marquilly là.
Christophe Marquilly a su s’imposer dans les années 80 dans la banlieue lilloise. Il a dû galérer, comme bon nombre de musiciens français, et ce n’est pas la tournée des stades en première partie de Johnny Hallyday, en 2003, qui va lui permettre de dormir sur ses deux lauriers, ad vitam eternam. ‘Sans cesse, tu remettras sur l’ouvrage ce qui te tiens à cœur!’ semble formuler l’adage bien connu. Après quatre CD (en 1982 et 84 puis 2002 et 2007) et un 45 tours en 1986, ne voilà t’il pas qu’il est temps pour Christophe de défricher de nouvelles terres. C’est ce qu’il entreprend, en publiant un DVD en 2007 et un CD en 2009. Un CD que nous n’avions jamais reçu, à Paris-Move, et que j’eus entre les mains suite à une rencontre fortuite, au Trabendo, à Paris, le soir de la Saint-Patrick 2010, alors que l’Irish Night battait son plein avec Taste, Eric Bell et Pat McManus. C’est là que Christophe Marquilly me donna son disque et me proposa de le chroniquer.
A dire vrai, il me faut toujours faire un petit effort d’adaptation pour me replonger dans la langue française quand celle-ci accompagne les rythmes rock. Mais avec cet opus, pas de soucis. Quatorze compositions se succèdent, qui oscillent entre rock, ballade country avec harmonica ou ballade irlandaise. Le risque avec des français qui chantent du rock est inévitablement de tomber dans le comparatif, mais je ne vais point le faire ici, car, très sincèrement, c’est réellement un bon disque de ‘rock français’ qui mérite bien plus que ce que les médias lui ont accordé.
Des riffs de gratte imparables, une pincée de slide ensorceleuse et de bons tempos font que l’ouvrage, sans mériter le qualificatif d’indispensable, n’en est pas moins très agréable à écouter. Pas de rythmique lourdingue ou heavy qui fracasse tout sur son passage, pas de chorus aboyés, mais des arrangements bien pesés qui insufflent une dynamique globale telle que l’album vous paraitra presque trop court malgré ses 14 titres.
Il y a toujours quelque chose d’inacceptable dans le fait que l’on passe, volontairement ou non, quelque chose sous silence. Il me semble que cela a beaucoup été le cas de Christophe Marquilly et je dois dire qu’ici, l’injustice devient pesante. Ce disque, tout comme le DVD, enregistré en ‘live’, méritent qu’on en parle pour qu’après chacun se fasse sa propre opinion. En espérant que les radios en arrivent à ouvrir plus largement leurs antennes à des frenchies de la trempe de ce Marquilly là.