Blues |
Another Kid Andersen production, serait-on tenté d’énoncer d’emblée. Pour son quinzième album en 35 ans de carrière discographique, Chris Cain n’a pas seulement opté pour l’un des meilleurs studios du moment (autant doté de matériel vintage que du dernier cri technologique, sans parler bien sûr de l’ingé-son ad hoc), mais il est aussi symptomatiquement revenu à son environnement natal, puisqu’il naquit et grandit à San José. Le garçon n’avait pas dépassé sa vingtième année qu’en multi-instrumentiste déjà confirmé (saxophone, claviers et guitare), il dirigeait déjà ses propres formations dans la baie de Frisco. Rejeton d’une mère grecque et d’un père afro-américain, c’est par l’entremise de ce dernier qu’il découvrit, encore tout gamin, Ray Charles, Albert et B.B. King, Johnny Winter et Hendrix. Amateur compulsif de musique live, son paternel ne se privait en effet alors pas d’emmener son fiston Chris dans ses pérégrinations, que ce fût au légendaire Fillmore de Bill Graham ou parmi les clubs locaux alors florissants. Phénoménal showman (que nous eûmes le plaisir de découvrir sur la scène du fameux BRBF de Peer voici plus de trente ans déjà), Chris Cain n’en a sans doute pas tiré la juste reconnaissance qu’il méritait pourtant de haute lutte. S’il publia voici un quart de siècle trois albums chez Blind Pig (sans doute les mieux distribués à ce jour, même s’ils sont aujourd’hui quasi-épuisés), le reste de sa discographie s’est essaimé sur des labels plus confidentiels, à la distribution souvent aléatoire hors du continent nord-américain. C’est pourquoi sa signature chez Alligator (maison fêtant cette année son cinquantenaire) constitue déjà un événement en soi. Comme le confirme ici son “Born To Play”, Chris (né le 19 novembre 1955) fut certes touché tout jeune par la grâce d’Albert King, Ray Charles et BB. King, mais c’est indéniablement ce dernier qui apposa à son art son sceau le plus déterminant. Des titres aussi funky et bien troussés que le “Hush Money” introductif, “Too Many Problems”, “Can’t Find A Good Reason”, “Found A Way To Make Me Say Goodbye”, “I Don’t Know Exactly What’s Wrong With My Baby” et “Out Of My Head” perpétuent en effet brillamment la verve cuivrée et tongue-in-cheek du grand Riley Ben King (soli de six cordes fouillant les étoiles à l’appui), sans que ses homonymes ne soient totalement absents des références de Mr. Cain. Ainsi d’Albert King sur le solo de “Hush Money’, ou encore ceux de “You Won’t Have A Problem When I’m Gone” (à l’imprévisibilité également voisine du regretté Albert Collins), “I Believe I Got Off Cheap” ou “As Long As You Get What You Want”, mais Ray Charles n’est pas en reste pour autant, comme en atteste “Down On The Ground”. En douze originaux point barre, Chris Cain revendique à bon droit sa place parmi les tout grands du blues millésimé des quarante dernières années. Assurément l’un des albums majeurs de funky blues de l’année, qu’espérer de plus? Foncez!
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, March 19th 2021
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CHRIS CAIN – Raisin’ Cain : un album que vous pouvez retrouver également dans les colonnes de nos amis de Blues Matters (et donc en anglais): ICI
Discographie de Chris Cain: ICI
Site web de l’artiste, ICI
A retrouver également sur le site web de Alligator, ICI