Chris Birkett – Freedom

Autoprod. 2010
Rock
Passer de l’ombre à la lumière des projecteurs n’est sans doute pas aussi aisé qu’on le pense, surtout lorsque l’on a attendu 17 ans avant de sortir un deuxième album. Passer de l’ombre des crédits mentionnés en tout petit dans les livrets des CD à un nom écrit en gros, sur la couv du livret du CD est une autre chose encore, même si le nom que l’on porte figure sur des dizaines, des centaines, des milliers d’albums et que la somme de tous ces albums où figure ce nom atteint désormais les cent million d’exemplaires vendus dans le monde. Hé oui, car si l’on additionne toutes les ventes des albums où figure le nom de Chris Birkett on atteint la barre des cent millions d’albums vendus. Cent million, cela représente, en empilant des CD l’un derrière l’autre, trois fois la distance Paris-Londres, ou bien, pour ceux qui y croient encore, et j’en connais, la distance Paris-Loch Ness (au nord de l’Ecosse).
 
Ingé-son et producteur revenu sur scène dix sept ans après un premier opus, Chris Birkett est ‘un nom’, même si le sien est moins connu que son mentor, Tony Visconti, l’une des références absolues dans le monde du rock (David Bowie, T. Rex, Moody Blues, entre autres). Cette rencontre avec Tony Visconti va changer la destinée d’un Chris qui vient tout juste de quitter le groupe Love Affair dont le hit, ‘Everlasting Love’, a cartonné. Il a 25 ans et emboîte alors le pas du charismatique Visconti.
Pendant 30 ans, Chris Birkett va travailler avec de grands noms: Sinead O’ Connor, Buffy Sainte-Marie, Alison Moyet (ex-Yazoo avec Vince Clark), Dexys Midnight Runners, The Pogues, Talking Heads, Bob Geldof, Mel Brooks, Mango Groove, Siedah Garrett, Thomas Dolby, Steve Earle, mais aussi avec….Alain Chamfort, René Lacaille, et bien d’autres encore.
 
Lui, dont le nom figure en tout petit dans les crédits des pochettes de vinyles et dans les livrets de CD, impose sa patte, la griffe Birkett, mais son passé de guitariste-chanteur le démange, et il sort en 1993 un premier album, ‘Men From The Sky’, qui démontre que derrière l’ingé son reconnu et apprécié par les grands de la musique, il y a un auteur-compositeur-interprète qui a des choses à dire, des mélodies à dévoiler. A preuve, l’un des titres de ce premier opus, ‘Where do we go from here?’ est intégré à l'album caritatif ‘One Voice One Love’.
 
Mais le bonhomme est très demandé et il retourne en studio bosser le son des albums des autres. Une parenthèse qui va durer 17 ans… avant que Chris ne revienne sur scène avec un second album enregistré en 2009, ‘Freedom’, dont le titre à lui seul, déjà, ‘Liberté’, sonne comme un cri du cœur. L’aveu qu’une page se tourne et que Chris Birkett reprend sa liberté d’auteur-compositeur, de chanteur et de musicien? Clin d’œil à cette France qu’il a choisie comme patrie d’adoption depuis plus de vingt ans? Chris vous laisse le ressentir au travers de chansons folk aux teintes musicales légères et finement travaillées.
 
En perfectionniste du son et épaulé par quelques amis tels Tony Visconti et Nico Mirande aux guitares basses, Marc Berthoumieux à l’accordéon, André Ceccarelli à la batterie, Chris a peaufiné chaque chanson, des textes jusqu’aux arrangements, et cela vous donne un album réellement plaisant dont vous regrettez presque que ce ne soit pas un double CD tant chaque chanson offre poésie et arrangements finement ciselés. Telle une œuvre d’art dont on admire chaque détail, aussi subtil soit-il.
 
Indiscutablement, Chris Birkett est non seulement un ingé-son de génie mais aussi un musicien au talent énorme et qui va en étonner plus d’un par la finesse et la beauté de ses chansons. Sûr que les amateurs de grosses guitares et de notes saturées trouveront qu’il manque quelque chose à cet album, car le gratteux qu’est Chris Birkett donne dans la subtilité faite légèreté. Les amateurs de grosses rythmiques en seront aussi pour leurs frais car Tony Visconti, Nico Mirande et André Ceccarelli se font aériens, impressionnants de maîtrise. Et côté voix, en sus des somptueuses harmonies vocales assurées par David Hykes, vous prendrez en intraveineuse des voix féminines à vous coller des frissons à n’en plus finir alors même que sur certains titres ces voix sont non seulement en retrait, mais d’une légèreté à vous coller le plus doux et le plus léger des baisers dans le cou. Des voix féminines marquées du sceau de la ‘magic touch’ de maître Chris Birkett.
 
Inutile de vous faire ressortir tel ou tel titre car sur cet opus tout est plus que bon, tout est excellent. Vous passerez d’un rythme plutôt rock, sur ‘Call Me’, à des ballades folk rétro ou terriblement novatrices avec leurs effets planants, d’une voix travaillée à la David Bowie à celle plus suave d’un homme qui chante l’amour de sa vie, d’un rythme de tambour amérindien à un accordéon envoûtant, d’un chœur féminin vaporeux à une voix sensuelle et ensorceleuse,…
 
Les mots d’amour qui truffent cet album sont autant de cris du cœur qui semblent jaillir de la poitrine de Chris Birkett et ces cris du cœur vous happent, vous emportent avec eux dans un tourbillon de sensations. Un album ‘Coup de Cœur’, indiscutablement, et dont on attend la suite avec l’espoir qu’il ne nous faudra pas attendre 17 ans à nouveau. Dix sept ans, p…. que ce fut long, Chris.
 
Un album à posséder absolument et à ne jamais ranger, jamais, jamais…
 
Frankie Bluesy Pfeiffer
 
 
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