Blues |
A la tête de cinq précedents albums en vingt ans, Chris BERGSON est le genre de guitariste surdoué qui aurait pu se contenter d’une lucrative carrière d’accompagnateur (ne l’a-t-on pas remarqué ainsi auprès de Nora Jones ?). Doté d’une culture musicale couvrant les six ou sept dernières décennies, il l’utilise pour voyager dans l’espace et le temps. “Pedal Tones” qui ouvre le ban nous plonge ainsi au croisement entre le Little Feat de “Sailin’ Shoes” (son funky second line beat et cette slide électrique fumante) et le “Blow By Blow” de Jeff Beck (son clavinet entêtant), tandis que “5:20” et “Just Before The Storm” renvoient au temps béni des premiers Allman Brothers (RIP, Gregg). Avec l’apport de cuivres funky à souhait, “Knuckles & Bones” lorgne pour sa part vers cette bonne vieille southern soul à laquelle contribua aussi Duane Allman au temps des Muscle Shoals sessions. Nul doute que là où il se trouve à présent, Wilson Pickett apprécie. La touche sudiste persiste sur les toujours très Allmanesques “Explode Or Contain” (où la slide de Chris allume des torchères brûlantes), “61st & 1st”, “Blues For Dave” et “Small Trouble”. Outre les impressionnantes capacités de leur leader, il faut également souligner celles de ses accompagnateurs, orfêvres de swing et de groove, au premier rang desquels le multi-claviériste Craig Dreyer (Clavinet, Fender Rhodes, Wurlitzer). En guise de coup de grâce, la plage titulaire réveille le fantôme du géant Freddie King au temps de son fameux “Burglar” !
Bref, un authentique album de blues-rock sudiste éternel, au feeling et à l’énergie ne sacrifiant jamais à la facilité. Les fans éplorés des Allmans et de Roy Buchanan peuvent se précipiter sans hésitation, et les autres ont évidemment le droit d’en faire autant : la claque, on vous dit !
.
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
.