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Chico Cesar est de ce genre d’artiste brésilien assez inclassable, se servant d’inspirations folkloriques qui le mènent vers la pop ou vers le jazz sur un même album, comme c’est le cas ici. Ancien journaliste, ses textes sont toujours emprunts de la réalité, toujours très engagé politiquement, homme de tous les combats, contre le racisme, dénonçant le pouvoir actuel… Il faut donc voir cet album dans sa globalité. Homme de lettres, homme des mots, passionné de musiques, il nous propose ici un dixième album original et parfaitement réalisé, nous offrant toute sa poésie sur un titre comme “Amorinha” qui nous rappelle l’intensité d’un Chico Buarque dans ses moments le plus intenses.
Cet album, comme les neufs autres, dresse un portrait critique de la société brésilienne d’aujourd’hui, et le fait d’être un homme noir lui confère un poids intellectuel particulier. On l’écoute ainsi plus sérieusement, lui qui a connu le racisme, s’est frotté à la politique en devenant un élu local pendant quelques années, et interrompant sa carrière pour servir la population.
Dans sa musique comme dans ses actes (il a marqué une pause de quelques années dans sa carrière pour diriger le Secrétariat à la Culture de l’État de Paraíba), il est de tous les justes combats. Contre le racisme, qu’il connaît bien, pour commencer. Le titre, et la chanson éponyme du 5e album, sont à eux seuls un manifeste: Respectez mes cheveux, blancs (tout est dans la virgule!) en référence à ses cheveux crépus que le racisme ordinaire brésilien appelle “mauvais cheveux”, comme on dit “mauvaise herbe”. Se positionnant ouvertement contre les errances du pouvoir actuel, il prend publiquement la défense des minorités opprimées (Amérindiens, homos, Noirs, femmes, pauvres…), s’investit dans la question environnementale… Un combat qui, au prix de quelques censures, habite ses textes, aussi politiques que poétiques.
C’est un artiste particulièrement attachant qui, sur des musiques qui parfois paraissent futiles, dépeint avec une forme d’humour poétique qui lui est propre cette société pour le moins décadente. Chico Cesar a publié trois albums de poésie. Amoureux des mots poétiques, il en aura même dédié une chanson sur un précédent album (Estado de Poesia). Admirable artiste qui se sert de toute forme d’art musical avec un talent incroyable pour ses créations, ses compositions, et ce nouvel album en est un exemple frappant. Oui, on aime, on adore cet artiste qui ne triche pas, se livre tel qu’il est, avec toutes les inspirations musicales qui ont le ferment et le souffle de sa vie d’artiste. Un album qui vous fera danser, sourire, et réfléchir. C’est le sens même de l’art. Chico Cesar en est un des dignes representants et les rédactions de Bayou Blue Radio et de Paris-Move on fait de cet album un de leurs fameux “Indispensables”.
Thierry De Clemensat
Correspondent in USA
Bayou Blue News – Bayou Blue Radio – Paris-Move
PARIS-MOVE, July 2nd 2023
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