CHARLEY CROCKETT – Welcome To Hard Times

Son Of Davy / Thirty Tigers
Country
CHARLEY CROCKETT - Welcome To Hard Times

Depuis le choix délibéré de son sobriquet jusqu’à son look, ainsi qu’au nom de son label et au design de ses pochettes, tout chez Charley Crockett pourrait inviter à hurler au canular. Il faut toutefois mal le connaître pour oser douter de sa sincérité. Issu d’un milieu dysfonctionnel du sud-Texas (à Los Fresnos, sur la Gulf-Coast) où il grandit sur un terrain de caravaning, il apprit la guitare en autodidacte avec un instrument chiné par sa mère au mont-de-piété. C’est en disséquant des samples de Curtis Mayfield repérés sur des titres hip-hop qu’il se prit de passion pour le songwriting, avouant avec candeur: “au cours de mes douze premières années de pratique, je n’ai jamais su dire en quelle tonalité je jouais, ni même appris ou étudié le moindre accord. Je dois avoir une bonne oreille, car aucune de mes chansons ne sonnait pourtant réellement faux”. Après des années à subsister du busking sur les trottoirs et dans les métros de New-Orleans, New-York et même Paris, le personnage s’avère tellement touchant que Dan Auerbach en personne s’est penché sur ce nouvel album (son huitième en cinq ans). Ne cherchez donc nulle trace de second degré parmi les douze nouvelles rengaines qu’il délivre à présent: avec un frère en prison, une sœur décédée d’overdose et à peine rétabli lui-même d’une opération à cœur ouvert, le bougre n’a guère l’esprit à la bagatelle. La plage titulaire ne prophétise d’ailleurs rien d’autre que ce que prédisent les Cassandres nous annonçant une récession sans précédent. Le reste se répartit entre traditionnelles histoires de trahisons sentimentales (“Run Horse Run”, “Rainin’ In My Heart”, “Heads You Win” ou les quasi-soul “Fool Somebody Else” et “Wreck Me”), déclarations romantiques énamourées (“Don’t Cry”), constats d’exclusion sociale (le three-steps au banjo “Lily My Dear”, “The Man That Time Forgot”, “Paint It Blue”, “The Poplar Tree” ou le “Blackjack County Chain” de Hollis Rudolph DeLaughter, défunt soudard nashvillien plus connu sous le sobriquet de Red Lane) et bonne petite claque aux mauvaises odeurs du show-biz contemporain (“Tennessee Special”), tous déclinés selon divers modes canasson millésimés Nashville early sixties. S’il confesse ne pas être féru d’étiquettes ni de classifications de quelque sorte, Charley ajoute: “si ce que je fais n’est pas de la country, alors j’ignore ce que c’est. Je ne suis certainement pas le meilleur et encore moins le premier, mais je suis différent. Et en musique, c’est ce qui compte le plus”. Saluons au passage le piano bien tempéré de Kullen Fox et la pedal-steel goûteuse qui fourbissent le proverbial icing on the cake: Stetson bas, ole boys!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, June 29th 2020

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A lire absolument (en anglais): Charley Crockett Uses the Lessons He’s Learned on “Welcome to Hard Times”, ICI

Site internet de Charley Crockett: ICI

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