Soul

La carrière de chanteur professionnel de Charles Bradley, qui n’aura commencé qu’à ses 63 ans (No Time For Dreaming, 2011), cristallise le décalage entre une vie fantasmée et les désillusions du temps qui passe. Sans toit mais avec foi, le pauvre hère profite du programme fédéral “Job Corps” pour apprendre puis exercer le métier de cuisinier. Obstiné déraisonnable, acharné thérapeutique, il chante en amateur jusqu’à se spécialiser, en tant que “Black Velvet”, dans les reprises de James Brown. Gabriel Roth, de Daptone Records (théâtre des opérations central de la soul aux USA), le repère au Tar Heel Lounge de Brooklyn avant de se jeter dessus comme la vérole sur la bas-clergé. Avantage compétitif fantastique: Charles pleure sur commande. On écoute donc la soul passionnelle et personnelle de ce troisième album avec une pointe de commisération. Avec ses trois Gospel Queens, il fustige les combats civilisationnels de “Change For The World”, conséquences de l’inconséquence de nos gouvernants. Il soliloque surtout à haute voix, sur “Changes”, le psychodrame de la perte de sa mère… La reprise, juste et frontale, de Black Sabbath (Vol. 4, 1972) n’a rien d’un poisson d’avril. Elle marquera un premier et dernier âge d’or, un an avant que le trépas le cueille (cancer de l’estomac). Puisse l’exploitation de ses titres dans les séries HBO (Barry, Big Little Lies) et Netflix (Big Mouth, Luke Cage) rendre Charles “swag” aux yeux de la jeune génération.

Jean-Christophe Baugé
BLUES MAGAZINE/ JAZZ NEWS/ LEGACY (DE)/ METAL OBS’/ CLASSIC OBS’/ PARIS-MOVE/ ROCK & FOLK

PARIS-MOVE, April 8th 2021

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Charles Bradley – “Good To Be Back Home” (Official Music Video) | Pitchfork:

Charles Bradley “Changes” (OFFICIAL VIDEO):

Charles Bradley performs soulful cover of Black Sabbath’s ‘Changes’:

Charles Bradley “Ain’t It A Sin” (OFFICIAL VIDEO):

Charles Bradley “Change for the World” (OFFICIAL VIDEO):