CHARLES BRADLEY – Black Velvet

Daptone / Dunham / Differ-Ant
Soul

Charles BRADLEY aurait eu 70 ans le 5 novembre de cette année si le crabe ne nous l’avait ravi prématurément le 23 septembre 2017. C’est d’autant plus cruel que cet authentique soulman n’avait réellement débuté sa carrière discographique que moins d’une décennie auparavant, après une vie d’épreuves et d’expédients. En seulement trois albums publiés chez Daptone (Home of Homeless Soul Brothers & Sisters, Ltd), celui qu’on surnomma l'”aigle hurlant de la soul” s’était taillé in extremis une place dans l’histoire de cette musique. Ayant débuté en tant qu’imitateur de James Brown (comme d’autres le firent ici avec Johnny), il avait été repéré (et repêché) par Gabriel Roth et Thomas Brenneck, patrons du label revivaliste new-yorkais Daptone (également responsables de la trop brêve mais tout aussi étincelante carrière de la regrettée Sharon Jones). La scoumoune qui le poursuivait depuis sa plus tendre enfance ayant finalement eu raison de ses forces, celui qui utilisait pour nom de scène dans les cabarets uptown celui de Black Velvet ne s’est toutefois pas rendu sans combattre. Des sessions de ses trois uniques LPs demeuraient une dizaine d’inédits, qui consituent la trame de cet album posthume. La qualité de la production Daptone (il y est bien sûr accompagné des musiciens maison, dont l’impeccable Menahan Street Band) sertit donc toujours son timbre à la fois puissant et évocateur. Des covers aussi inattendues que “Stay Away” (Nirvana), “Heart Of Gold” (Neil Young) et “Slip Away” (Rodriguez) côtoient des hymnes modernes tels que “Can’t Fight The Feeling” ou “I Feel A Change” (le single), ainsi qu’une version inédite de son propre “Victim Of Love”. En guise d’épitaphe, la plage titulaire clôt en instrumental la trop brêve trajectoire de l’un des ultimes soul men du XXème siècle. R.I.P. Sir Charles, in the land of 1000 dances.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

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