| Acoustic Blues |
Comme le déclara un jour le regretté Bob Hite: “Leadbelly a tort de prétendre qu’aucun Blanc ne pourra jamais réellement ressentir le blues. Le blues est un sentiment universel qui ne connaît ni couleur, ni nation”… Bien vu, le Bear, n’aurait pu qu’acquiescer le bluesman italien Cek Franceschetti, qui écume depuis trente ans les scènes de ses provinces natales de Bergame et Brescia. Le bonhomme n’en a cependant pas moins bourlingué par delà les frontières et les océans (en Suisse, en Allemagne et jusqu’aux States, où il représenta son pays lors de l’édition 2009 de l’International Blues Challege à Memphis). Après avoir fondé le trio Cek Out avec les frères Paolo et Marco Xeres (deux albums entre 2003 et 2005), il accompagna le regretté Louisiana Red de 2004 à 2007, et en publia deux autres sous le nom de Cek Deluxe en 2008 et 2014 (avec cette fois Pietro Maria Tisi et Carlo Poddighe). C’est à Brescia, dans le studio de ce dernier, qu’il a enregistré ces huit originaux et deux covers, quasiment en solo, et dans une veine acoustique n’excluant toutefois pas quelques invités sporadiques. Ainsi du légendaire Andy J. Forest, qui officie à l’harmonica sur deux titres, ou du guitariste Roberto Luti (à l’électrique sur trois autres) et de Luca Manenti (à l’unplugged sur leur adaptation du “Maybe Tomorrow des Stereophonics). Dans une ligne rurale proche des origines Mississippiennes de l’idiome, Andrea “Cek” Franceschetti se révèle particulièrement convaincant au chant et à la Resophonic six cordes, au fil de vignettes autobiographiques dépeignant le quotidien du musicien errant et solitaire: isolement, manque d’amour (sous toutes ses formes) et addictions, auxquels s’ajoutent ces temps-ci les contraintes liées à la pandémie. Sa relecture du “I Don’t Live Today” de Jimi Hendrix n’en revêt donc qu’une acuité supérieure. Chanteur expressif et guitariste éminemment articulé (que ce soit en picking ou en slide), Cek délivre ici un album intimiste et dépouillé, arborant fièrement l’empreinte de ses modèles (Skip James sur “Home Lake Blues”, Corey Harris sur “Lady Lake”, Mississippi John Hurt sur “Tiny Teaspoon”, ou encore Blind Blake et Blind Boy Fuller sur “Chicks And Wine”). Hautement recommandé à tout amateur de roots blues non frelaté.
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, July 29th 2021
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CEK FRANCESCHETTI – Tiny Teaspoon (audio video):