CATHARINE CARY – Air Cake And Other Summery Occupations

Orchard Of Pomegranates / Riparian Media
Lecture musicale
CATHARINE CARY - Air Cake And Other Summery Occupations

Quand j’étais étudiant aux Beaux-Arts (ce qui ne nous rajeunit pas), j’avais une prof’ qui ne jurait que par l’art conceptuel. Elle tentait de nous convaincre en cela que l’idée prime sur l’œuvre, quitte même parfois à s’y substituer entièrement. J’avoue que si cette démarche avait de quoi séduire quelques-uns de mes condisciples, pour ceux qui comme moi se destinaient à l’illustration et aux arts graphiques, ce fameux concept présentait surtout un caractère fumeux. Alors qu’elle s’initiait à l’économie internationale, Catharie Cary obtint en 1983 un diplôme d’études supérieures en relations internationales auprès de l’Université de Georgetown. De 1983 à 1987, ses fonctions commerciales l’amenèrent à voyager en Afrique, en Asie et en Europe. De 1987 à 1997, elle fut urbaniste à New-York et collabora à divers grands projets: rénovation d’un théâtre à Times Square, réhabilitation d’un quartier du Bronx et création d’un parc… Lors d’un voyage à Paris en 1997, elle suivit des cours aux Beaux-Arts, où elle découvrit la peinture. Six mois plus tard, de retour à New-York, elle s’inscrivit aux Arts Students League et à la New-York Studio School pour un an, avant de tenir sa première exposition à Paris en 1999, et d’y installer son atelier l’année suivante. Ses œuvres ont été exposées en France et à l’étranger et elle a participé au Offs de la Fiac, Art Basel/ Miami, Art Chicago ainsi qu’à la Biennale de Venise en 2011. Depuis 2010, elle développe une pratique d’improvisation itérative à la croisée de la danse, de la voix, de la calligraphie et de la peinture. Son travail est exposé sous diverses formes: peintures, scénographies, graffitis temporaires et permanents et performances improvisées, en personne et par télématique. Dès lors, sa démarche se fonde dans le mouvement et le geste. Pour sa première incursion dans les arts sonores, elle a saisi l’opportunité que lui offrait Ayelet Rose Gottlieb, chanteuse et compositrice de Montréal dont le label se consacre à l’improvisation vocale. Les neuf vignettes de cet album sont le fruit d’une série de contes improvisés que Catharine adressait à son jeune et lointain neveu, durant les mois du confinement lié à la récente pandémie. Compilées sur la mémoire vocale de son téléphone, ces saynètes sont à présent habillées par l’accompagnement instrumental d’Eric Lewis (cornet, clarinette basse et percussion) et Ivan Bamford (batterie, percussion). Destinées à être exécutées live devant des audiences enfantines (de 7 à 12 ans, précise-t-elle), ces performances risquent de demeurer hermétiques à maints adultes (à fortiori les moins anglophones d’entre eux). Si l’idée d’un conte vocal pataphysique accompagné par la bande à Daevid Allen et Didier Malherbe vous séduit quelque peu tout de même, risquez-y donc une oreille: Catharine Cary est une conteuse vivifiante, dotée d’un séduisant brin de voix que ses deux comparses ponctuent et illustrent sans en occulter le moindre mot… Et si vous connaissez des enfants qui comprennent ou apprennent l’anglais, la facétie de ces comptines parlées leur fera sans doute passer un savoureux moment.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, October 12th 2024

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