Blues

A killer picker! La seule écoute de sa reprise du mythique instrumental de Duane Allman, “Little Martha”, devrait suffire à vous en convaincre: Cary MORIN est assurément l’un des tous meilleurs guitaristes acoustiques de ce côté du Mississippi avec John Hurt, Gary Davis et Jorma Kaukonen. Et s’il vous en fallait plus ample démonstration, “Let Me Hear The Music” (délicieux ragtime appuyé par la clarinette de Dexter Payne), “Sometimes”, ainsi que les délicats “Devoted One” et “My Memories Of You”, ne manqueront pas de vous ranger à notre opinion. La plage titulaire le présente accompagné du violon lugubre de Lionel Young, et impose d’emblée son timbre vocal assuré et pénétrant. “Lay Baby Lay” sonne pour sa part comme une cover des Everly Brothers par les Blue Ridge Rangers (indice déstiné aux seuls initiés), tandis que “Carmela Marie” et “We Used To Be” ravivent le souvenir de cette perle oubliée que demeure le “Four Of Us” de John Sebastian. Le genre de blend entre blues, rock, folk et country auquel seuls les outsiders à ces quatre genres peuvent accéder. À ce stade, vous vous demandez sans doute d’où peut bien sortir ce type. Découvert aux côtés de l’artiste amérindienne Pura Fé et natif du Montana, Cary MORIN est d’ascendance Crow. Cet album (son sixième à ce jour) fut mis en boîte en deux étapes: les plages acoustiques à Fort Collins, Colorado, et celles le présentant en groupe à Boulder, dans le même État. Amis Deadheads, notez qu’il reprend également le “Dire Wolf” qu’écrivirent jadis Jerry Garcia et Robert Hunter, et que son propre “Jug In The Water” (blues shuffle millésimé s’il en fut) apparaît alternativement ici en modes groupe et solo. Un artiste à découvrir d’urgence!

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

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