CAROLINE ROSE – The Art Of Forgetting

New West Records
Folk, Pop
CAROLINE ROSE - The Art Of Forgetting

Il fut un temps, certes lointain (tu parles, un demi-siècle, une paille), où l’ambivalence sexuelle pouvait encore choquer le bourgeois. Le droit à la différence faisait alors l’objet de luttes aussi épiques que légitimes. Aujourd’hui, les revendications non genrées nous gratifient d’une doxa inédite, se traduisant par la déclinaison d’accords biscornus d’épithètes et de participes, à coups de (e) et de (s) à tout propos. Ne comptez pas sur moi pour me plier à ce nouveau conformisme woke n’ woll: la grammaire est déjà suffisamment semée d’embûches sans que l’on aille s’ingénier à en inventer de nouvelles! Ceci posé, que Carolin(e) Ros(e) se revendique d’obédience queer ne présente en réalité rien d’anodin. Oscar Wilde, Virginia Woolf, Joséphine Baker, Little Richard, Lou Reed, Bowie, Elton, Freddie et certains de leurs avatars (qui se souvient d’Esquerita et Jobriath?) ayant défriché ces problématiques en authentiques pionnier(e)s (avant Tom Robinson, Boy George Michael et k.d. Lang), on imaginait pouvoir désormais se contreficher d’avec qui et comment quiconque s’envoie en l’air (ou pas). Il n’empêche que la conscience et l’affirmation de sa propre identité demeure une question cruciale pour nombre d’adultes, jeunes et moins jeunes, de celles qui transcendent les époques et les générations. Ce préambule ainsi posé, let’s talk about music, if you don’t mind. And words too, puisque la personne qui a enregistré ce disque a tenu à en imprimer les paroles sur le livret. Et bonne nouvelle: traitant des affres de la relation amoureuse (de la dépendance au rejet et à la rupture), ces quatorze vignettes (intégralement composées, arrangées et interprétées en bonne part par Caroline Rose el(le) même, qui y exécute indifféremment parties de guitares, ukulele, claviers, basse et programmation) entre prog-folk et électro orchestrée, s’avèrent de haute tenue. Et déclinent même, parmi d’autres sommets, quelques hits potentiels, ainsi des poignants et majestueux “Miami” et “Everywhere I Go Brings The Rain”, des languides “Stockholm Syndrome” et “Where Do I Go From Here?” et surtout, du bouleversant “Jill Says”. Des intermèdes tels que les messages récurrents sur répondeur téléphonique de “Better Than Gold”, “Corbread” et “Florida Room”, le “Love/ Lover/ Friend” introductif ou “Tell Me What You Want” achèvent d’indiquer que l’on pourrait bien se trouver au confluent de chefs d’œuvre diaphanes tels que le “Transformer” du trio Reed-Bowie-Ronson, “Out Of Time” de REM et le “Pacific Ocean Blue” de Dennis Wilson (cf. “Rebirth”, “Doldrums”, “The Kiss”). Rien que ça? Ah ben mince, alors.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 19th 2023

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