Carmen Souza – Protegid

Galileo Music / CODAEX
Jazz

Le troisième opus de la jeune et jolie jazzwoman recèle des pépites mélodieuses qui valent le déplacement. On se laisse volontiers prendre dans les griffes de la chanteuse, car il est quasi fatal de tomber sous le charme et encore plus facile d’être séduit par le talent qui suinte à travers les douze morceaux de la galette. Par essence multiculturelle, l’artiste née au Portugal mais d’origine capverdienne nous envoie autant de cartes postales qu’elle a composé de morceaux pour ce nouvel album. Tour à tour pianiste ou guitariste, elle sait aussi user de la voix comme instrument spécifique. En 2005, elle se faisait connaître en publiant ‘Ess ê Nha Cabo Verde’, puis elle publiait ‘Verdade’ en 2008. Elle nous revient, aujourd’hui, avec un disque digne de tourner dans tous les foyers de l’hexagone. Elle présentait l’opus vendredi 22 mai au Satellit Café, dans le cadre du festival ‘Femmes du monde’ et les nombreux spectateurs ont non seulement applaudi mais acclamé l’artiste à l’issue de son excellente prestation en compagnie de trois supers musiciens.
Chaleureuse et généreuse, la communication est sa préoccupation principale et elle n’a de cesse que de mettre son public à l’aise et de s’entretenir avec lui [Ce n’est pas Amar Sundy qui me contredira…]. Un batteur, un bassiste acoustique et un pianiste l’accompagnaient pour l’occasion. Je profite de ces quelques lignes que m’accorde le rédacteur en chef de Paris-Move pour vous inviter à aller explorer la rue de la Folie Méricourt, particulièrement le 44, et pas loin de là, sur le même trottoir, la librairie-Maison d’édition Fargo, éditrice de l’excellente revue Eldorado!!
Cette parenthèse refermée, mais indispensable à mentionner, je reviens vers vous avec ce très bel opus qu’est ‘Protegid’, de Carmen Souza. Sa reprise de ‘Sodade’, signé Cesaria Evora, est particulièrement parlante et évocatrice. Elle permet de mesurer le chemin parcouru par les deux femmes, surtout au niveau des arrangements. Si la première avait écrit une chanson à texte d’auteur sur un air de ‘morna’, la seconde a su en faire une réinterprétation beaucoup plus jazzy. Et tout l’ouvrage est dans le même registre. Cela évoque tantôt le Cap Vert, tantôt le Brésil, ces contrées géographiques où la musique fait partie de l’air que l’on respire.
En bref, un excellent disque de jazz qui flirte avec la Worldmusic sans en être pour autant exclusivement cela. Une musique propice pour les soirées à deux, à un bar où l’on peut déguster un mojito ou une caiperina.
La présence de Carmen Souza à de nombreux festivals de jazz, cet été, témoigne de la reconnaissance qu’elle commence à recevoir des publics et des connaisseurs: le Jazz Festival Liverpool, le Ystad Sweden Jazz Festival,… Une reconnaissance méritée, croyez-moi.

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine
Carmen Souza