Carl Wyatt – Texas Twister

DeVille Records
Blues

Carl Wyatt est un esthète, un bluesman vrai et pur qui met d’entrée tout le monde d’accord quant à ses capacités à composer. Il vous envoie ‘Billy’s Lounge’ dans la tronche comme premier titre et première compo avec cet art maîtrisé de savoir régénérer et revitaliser le Blues sans le dénaturer. Classe, le mec, très classe!
Dans les deux reprises comme dans les onze compos, on ressent un incontestable plaisir de jouer. Un plaisir qui donne à la mythique chanson de Tony Joe White, ‘Rainy Night In Georgia’, une fraicheur toute naturelle, le non moins mythique ‘Dallas’ signé Johnny Winter étant la seconde pépite empruntée par Carl pour cet opus.
Autour du chanteur-guitariste on retrouve les complices croisés en tournée, de vrais tueurs, avec Apollo à la basse et Yves à la batterie, véritables poumons de la rythmique, et Alex aux claviers et à l’orgue Hammond, avec ce jeu toute en finesse et en retenue, sauf sur le septième titre où c’est Claude qui s’y colle. Si chacun des musiciens apporte sa pierre à l’édifice c’est bien Carl Wyatt qui en est le ciment, nous trimballant tout au long de cet album sur des rythmes issus du Delta croisés avec ceux de Chicago et du Texas. Des titres qui donnent une folle envie de retourner dans le Mississippi, direct, ou mieux, à Chicago, pour refaire en sens inverse la mythique route du Blues.
Sur le dernier titre de l’album on retrouve l’excellent Archie Lee Hooker au chant. Sur un seul titre malheureusement, dirais-je même. Pourquoi ne nous as-tu pas fait un double CD, Carl, avec toi au chant sur la première galette et Archie sur la seconde…? Mais ce dernier titre fait office de luxueuse consolation…, en attendant ce fameux double album.
En attendant, on se remet ce ‘Texas Twister’ et on se remet une couche de Carl Wyatt & The Delta Voodoo Kings sur ces treize titres chaleureux et puissants, envoûtants et redoutables d’efficacité. Le son est vibrant et vivant à souhait, un délice. La voix de Carl, quant à elle, est convaincante et son jeu de guitare toujours aussi expressif, qu’il soit sur Fender ou cigar box.
Un magnifique album d’un bluesman qui mérite qu’on lui voue un véritable culte, et de suite, pas dans dix ans, ni cinq.

Carl Wyatt