| Jazz caraïbéen, World |
Autant complément qu’illustration du livre du même titre (chroniqué ICI), ce coffret double CD sélectionné par son auteur met en parallèle les musiques caribéennes telles qu’elles furent enregistrées dans leur environnement vernaculaire, et leur transposition aux États-Unis. Si l’influence de l’Oncle Sam ne manque pas de s’exprimer parmi les premières (bien que capté à Londres, le “Cherokee” de Ray Noble est ainsi interprété dans une veine bop assumée par l’ensemble jamaïcain Joe Harriott Quartet, et le “Tenderly” de Walter Gross, dans celle de Barney Kessel par le légendaire guitariste Ernest Ranglin), on y dénombre aussi le “Chanchullo” cubain (préfigrant le “Oye Como Va” dont Tito Puente et Carlos Santana tirèrent le hit mondial que l’on sait), et maintes adaptations témoignent par ailleurs de l’imprégnation des rythmes antillais par des artistes américains aussi divers que les Andrews Sisters (dont la version du “Rum & Coca Cola” du trinidadien Lord Invader côtoie ici l’originale, ou encore celle du “Jean & Dinah” de The Mighty Sparrow, jouxtant celle qu’en popularisa en 1956 l’acteur Robert Mitchum sur son savoureux LP “Calypso Is Like So”), voire le “Fat Man” de Fats Domino, tel que le jamaïcain Derrick Morgan l’adapta ensuite avec succès. On citera encore en ce registre les “Caribbee Joe” et “Congo Square” de Duke Ellington et Billy Strayhorn, le “Begin The Biguine” de Cole Porter arrangé par Charlie Parker, les proto-ska “Be My Guest” de Fats Domino en 1959 et “One More Cup Of Coffee” du juvénile Bob Marley en 1962 (démarqué du country song homonyme de Claude Gray), le “St. Thomas” de Sonny Rollins, “My Boy Lollipop” de Barbie Gaye, le “Alligator Wine” de Screamin’ Jay Hawkins, l’irrésistible biguine guadeloupéenne de “Pantalon” et celle du “Nous Les Cuisinières” de Robert Mavounzy, sans oublier l’immortel “Day-O” de Harry Belafonte (dont Ray Davies fit un gimmick scénique des décennies durant), ni les inénarrables “Early In The Morning” de Louis Jordan, “Ran-Kan-Kan” de Tito Puente, “I’m Gone” de Shirley & Lee, “Evil Eye Woman” de Terry Timmons, “Don’t Blame It On Elvis” par les Faboulous McClevertys, “Bo Diddley” par lui-même et “El Manisero” par Chet Atkins. En 46 titres (dûment commentés et détaillés dans le livret), voici la bande son ad hoc pour confirmer l’attirance et l’influence réciproques qu’exercèrent les unes sur l’autre les Antilles et son continent voisin au siècle dernier. Aussi festif que pédagogique, le cadeau de Noël idéal pour tout mélomane adepte du déhanché!
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, November 18th 2025
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