CANNED HEAT – Finyl Vinyl

Ruf records
Blues
CANNED HEAT - Finyl Vinyl

Comme l’énoncent les liner notes de leur premier album en quinze bonnes années, “there are bands that leave a legacy, and then there are bands that ARE A LEGACY”.  Immarcescible combo californien, Canned Heat appartient sans conteste à la seconde engeance parmi ces formations: de celles où ne subsistent plus guère (voire plus du tout) de membres originels, au point qu’elles s’apparentent désormais presque à une marque déposée. Car il ne s’en cache pas: membre le plus stable (et aussi le plus ancien), le batteur Fito de la Parra ne figurait cependant pas sur le tout premier LP historique des Chevaliers du Boogie (il n’apparut – excusez du peu – que sur le second et fameux “Boogie With Canned Heat”). Ce qui ne l’empêcha pas de participer à chacun des nombreux line-ups qui se succédèrent ensuite sous cette bannière (au fil desquels on dénombre pas moins de 40 musiciens), ni de figurer sur pas moins de 16 de leurs albums studio (et 11 disques live). Alors que leur registre funéraire s’allonge de jour en jour (on en est à 13 décès), on n’attendait à vrai dire plus grand chose de Canned Heat en termes d’ajout discographique. Incorporé il y a plus de quinze ans (après la funeste disparition de Robert Lucas), le chanteur et harmoniciste Dale Spalding, le bassiste Rick Reed  (succédant à ce poste à l’historique et non moins regretté Larry Taylor) et le vétéran De la Parra accueillent pour nouvelle recrue un individu bien connu de nos services, en la personne du guitariste, claviériste et chanteur Jimmy Vivino. Véritable caméléon (tant sur le plan musical que physionomique!), celui-ci s’est fait pour l’occasion la tête d’un Santa Claus revisité par les fantômes de Vestine et Taylor (pourtant ennemis jurés de leur vivant). Pilier 25 ans durant de l’orchestre maison du programme TV “Late Night With Conan O’Brien” (lequel inspira notamment chez nous le “Nulle Part Ailleurs” de Philippe Gildas sur Canal Plus), Vivino se produisit notamment à la tête de Fab Faux, tribute band à succès dédié aux Quatre de Liverpool, tout en poursuivant de front une carrière solo, et celle de session man auprès d’anonymes tels que  Johnnie Johnson, Hubert Sumlin, Levon Helm, Al Kooper, Phoebe Snow, Laura Nyro, John Sebastian et Donald Fagen. Comme de tradition depuis la dispersion du line-up originel (soit depuis un bon demi-siècle déjà), ce disque alterne le coutumier (le “One Last Boogie” d’ouverture, “A Hot Ole Tlme”, “Tease Me” et “When You’re 69” perpétuent ainsi  la marque de fabrique qui fit leur renommée) avec l’inusité (atteignant son apogée avec l’adaptation bluesy du thême instrumental persan de la série TV “Tehran”!). Dans la première catégorie, on notera la relecture du proto-écologiste “So Sad (The World’s On A Tangle”) qui figurait en 1970 sur leur “Future Blues” (avec pour guest Joe Bonamassa), et dans la seconde le swingin’ ragtime “Independance Day” (cousin du “Stray Cat Strut” de la bande à Setzer). Sans relation formelle avec le titre éponyme de Jimmy Rogers, le “You’re The One” que signe Dale Spalding pastiche en fait (et en lazy shuffle) le “Just Your Fool” de Little Walter, la slide fumante de Vivino y apposant une bienvenue touche Elmore James. Mais l’apport le plus émouvant de cette collection revient sans doute à son invité le plus inattendu. Dave Alvin en personne (of Blasters fame) vient en effet interpréter de la voix et des six cordes son propre hommage au vénérable Alan Wilson (“Blind Owl”), s’y avérant à la fois touchant et remarquable. Alors, faut-il prendre au sérieux l’allitération titulaire de cet album, et le considérer comme leur testament? Nous n’irons pas jusque là, puisque Canned Heat s’est révélé jusqu’à nos jours manifestement increvable.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, February 25th 2024

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Cela n’a évidemment plus rien à voir avec le Canned Heat de Los Angeles, formé en 1965, du On The Road Again ou du Goin’Up the Country de 1968. De grands artistes nous ont quittés et d’autres sont venus occuper différents postes dans le groupe. Je pense à Bob Hite, Alan Wilson et à ceux qui ont suivi d’autres voies: Henry Vestine, Larry Taylor, Walter Trout, Frank Cook, Stuart Brotman, Harvey Mandel, Antonio de la Barreda – on dénombre jusqu’à 46 musiciens ayant appartenu au groupe… Toujours est-il qu’aujourd’hui la formation est composée de Adolfo “Fito” de La Parra à la batterie, de Dale Spalding au chant et à l’harmonica, de Jimmy Vivino aux guitares, claviers et au chant et de Richard “Rick” Reed à La basse. Et que ce qu’ils jouent est pas mal du tout. Boogies en veux-tu en voilà dont on ne se lasse jamais, One Last Boogie, Goin’ To Heaven (in a Pontiac)! Le titre Blind Owl est même un hommage à Alan Wilson… Et So Sad (the World’s In A Tangle) composé par le manager-producteur Skip Taylor est un reprise du groupe de 1970 qui figurait sur l’album Future Blues… sur laquelle ils s’offrent Joe Bonamassa en guest. Ils allongent ainsi 11 titres, quand même… Et ils savent encore jouer de la slide et proposent également un instrumental East/West Boogie. En deux mots, des zykos qui en ont encore sous le capot…! Un album qui a toute sa place dans les discothèques qui se respectent.

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, April 22nd 2024

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CANNED HEAT, “On the Road Again” – Released April 24, 1968: