Nu Jazz

Momentum, 7ème album des geeks milanais du soundtrack hi-tech antique, est un moment présent très fantasmé car analogique, voire organique. Et ce, en dépit d’un élargissement du champ d’action par le recours à la synthèse granulaire (échantillonnage sonore de l’ordre de la milliseconde) et à deux vocalistes issus du sérail afrobeat/ afro funk/ hip hop: John “Illa J” Yancey (ex-Slum Village), de Detroit, sur “Stan Lee” et Mei, de Londres, sur “Black Moon”. Deux exceptions qui confirment la règle de l’anti-musicalité du chant rappé. La manufacture du beau persiste avec les instrumentaux de très haute tenue que sont “Automata” et sa guitare dénudée comme au sortir d’un bain d’acide, “Thunderstorms And Data” et sa section rythmique asthmatique, ou “One Nation Under A Format” et son pattern synthétique nu jazz… Préavis de rêve pour les gigs post-confinement reportés cet automne en Europe. Le guitariste/ claviériste Massimo Martellotta, dans un excès de modestie, cite encore Tortoise (USA) et Jaga Jazzist (Norvège) comme principales influences: inutile de s’y attarder, Calibro 35 vient de leur offrir un enterrement de première classe.

Jean-Christophe Baugé
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PARIS-MOVE, June 21st 2020