CAESAR SPENCER – Get Out Into Yourself

New Radio Record
Indie Pop
Caesar Spencer

Comme s’exclamait jadis le Concombre Masqué envers son posse Chourave: “Keskeucé?”… À mi-chemin entre concept-album et “autre chose”, ce premier album de Caesar Spencer déroute d’emblée bon nombre des repères en vigueur. Il faut dire que le parcours du personnage présente déjà matière à intriguer. Né au Pérou de parents Anglais et Suédois, notre homme réside actuellement en France, et ce melting pot se reflète dans l’éclectisme de ses références culturelles. Passé une intro instrumentale à haute teneur tarantinesque (ce “Hail Caesar” où se mêlent surf music et B.O. façon Mario Bava), les épiques “Get Out Into The Pigs” et “Isn’t That What Jimi Said” révèlent le timbre à la Morrissey de Caesar, tandis que leurs riches orchestrations empruntent autant à celles de “We Are The Quarry” qu’à The Divine Comedy, distillant d’uchroniques climats délicatement surannés. Avec ses arrangements de cordes dignes d’un Jean-Claude Vannier, le duo que forment Caesar et Mareva Galanter sur “When I Whisper In Your Ear” s’agrémente pour sa part de beats et sons électroniques empruntés au Bowie de “Ashes To Ashes”, dont “Jane Loves The Highway” et “Requiem” portent également la trace. Charriant également celles de Scott Walker, de Cockney Rebel et du Ray Davies des mid-seventies, le sépulcral “Requiem” et l’imparable “Broken By The Song” persistent à déployer ce patchwork d’influences, auxquellles l’auditeur s’accroche comme à un fil d’Ariane. La grande Jacqueline Taïeb effectue un cameo jubilatoire sur l’épique “Waiting For Sorrow”, tandis que l’élégiaque “Knew That One Day” (à nouveau sous ascendant Smiths prononcé) conclut ce périple en beauté. Accompagné d’un livret 32 pages sur papier glacé (superbement illustré par Thierry Beaudenon, et figurant l’ensemble des lyrics), cet ovni bénéficie en outre de la contribution du couple que forment Jean Felzine et Jo Wedin, ainsi que de celle de Gilles Tandy. Sorte d’alien record en soi, voici donc l’une des réalisations les plus ambitieuses à avoir jamais éclôt sur notre Hexagone, et dont il serait fâcheux de se priver en ces temps de disette créative.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 28th 2023

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Concert de lancement à La Dame de Canton, Quai François Mauriac, Paris 13°, jeudi 25 mai 2023.