Punk Rock |
Suite et fin de la série de rééditions du catalogue des BUZZCOCKS originels, entamée depuis le début de cette année. Quarante ans après sa parution, “A Different Kind Of Tension” est sans doute l’album le plus clivant du gang de Manchester. Certes pas en termes de qualité musicale (c’est sans doute leur album le plus abouti sur ce plan), mais en matière de crédibilité punk (cette supra-connerie, pour un genre intialement supposé libérateur). Avec toujours Martin Rushent aux manettes, les BUZZCOCKS y assument en effet plus que jamais le classicisme power-pop qui figurait d’entrée de jeu dans leur ADN. Avec un batteur héritier direct de Kenney Jones et Keith Moon, et un sens des mélodies accrocheuses à l’opposé de la putasserie contemporaine d’Abba, le quartette aurait aisément pu embrayer sur le revival mod qui submergeait alors l’Angleterre. Les dérapages contrôlés de caisse claire de “I Don’t Know What To Do With My Life” et “I Believe” ne se distinguent en effet des premiers Who et Jam que par le timbre – euh, disons, particulier – du regretté Pete Shelley (à mi-chemin entre Johnny Rotten et Bugs Bunny). À la fois plus pop et plus varié, on (qui, au fait?) reprocha surtout à ce troisième album un déficit flagrant de singles. Rien de tel que la perspective pour remettre les pendules à leur place, comme disait Jean-Philippe Smet. Avec des proto-classiques tels que “Sitting Round At Home” et “Mad Mad Judy” (chantés par Steve Diggle), sans parler de manifestes aussi patents que “Hollow Inside” ou “Paradise”, voici sans doute le testament définitif d’une formation écartelée entre son intégrité et son irrépressible séduction. Un quasi-classique, dont la réhabilitation s’impose sur le champ.
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, May 31st 2019
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BUZZCOCKS – “A Different Kind Of Tension”: un album à retrouver et à commander (comme tous les autres, d’ailleurs!) sur le site du label Domino, ICI