Burning Britain – Seconde Vague Punk Britannique

Ian Glasper / Rytrut Éditions
Rock

J’étais à Londres en juin 77. J’avais pile 18 ans, et j’étais venu visiter la Roundhouse de Chalk Farm Road, l’un des berceaux du pub-rock, auquel Dr. Feelgood venait de me convertir. Au 100 Club d’Oxford Street, j’ai vu les Clash flanqués d’un batteur aussi pathétique qu’anonyme, les Damned en plein numéro de cancres, et aussi Jam, les seuls qui m’aient alors réellement impressionné. Je n’ai par contre rien compris à la faune hérissée qui leur faisait office de public. Chahuteurs jusqu’à se blesser (le pogo, c’est dangereux quand ça s’opère latéralement), ces chenapans dépenaillés semblaient alors plus irresponsables et bon enfant que réellement menaçants. Un an plus tard (eh oui), la mode débarquait en France, et je m’en dissociai instantanément (l’anti-conformisme de masse, très peu pour moi). Sept ans plus tard, de retour en famille à London Town, nous eûmes à subir les provocations racistes de prolos cockney, ce qui m’amena à supputer que la classe ouvrière anglaise était peut-être la plus conne au monde. Alors, la “seconde vague du punk anglais”, songez si je m’en battais royalement le coquillard (pour paraphraser les Sex Pistols). J’avais beau compter des potes qui me faisaient écouter sporadiquement Discharge, Exploited ou les Outcasts, tout cela me semblait à la fois daté, auto-complaisant, et pour tout dire, terriblement prévisible. Trente ans plus tard, à la lumière du “The Filth And The Fury” de Julian Temple et des romans de John King, la dimension sociologique du phénomène, poche de résistance socio-culturelle aussi grégaire qu’instinctive aux années Thatcher, n’aura sans doute jamais été aussi bien illustrée que par le “Human Punk” de John King, et cette impressionnante somme ontologique (700 pages). Près de 100 groupes recensés (et 330 labels !!!), le tout réparti géographiquement en 11 régions (incluant, outre les Midlands, l’Écosse et l’Irlande du Nord): c’est une véritable encyclopédie, abondamment illustrée et émaillée de nombreuses (et souvent touchantes) interviews. Pieds-Nickelés in the U.K., ou encore, comme le chantaient les Stones en 68: “But what can a poor boy do, except to sing in a rock n’ roll band?”.

Patrick Dallongeville
Paris-Move / Blues Magazine / Illico / BluesBoarder

Burning Britain