BRUNO PUTZULU – C’ETAIT QUAND

MONELIA MUSIC
Chanson française
BRUNO PUTZULU - C’ETAIT QUAND

Bruno Putzulu? Ou plutôt Bruno Poutzoulou, si je veux me la jouer polyglotte italophone invétéré qui maîtrise parfaitement la langue de Léonard de Vinci, avec l’accent sarde à couper au couteau et rempli du soleil méditerranéen si chaleureux et si sensuel. Bruno Putzulu? Voici un acteur/ comédien/ chanteur brillant, un artiste pluridisciplinaire, l’un des plus doués de sa génération, que je vénère depuis le film de Bertrand Tavernier, “L’Appât”, en 1995, tiré d’un tragique fait divers parisien qui avait défrayé la chronique. Bruno Putzulu? Un artiste, un vrai, que j’ai l’impression de connaître depuis des lustres, une amitié à la fois virtuelle et bien réelle, bien plus vieille que Mathusalem, comme si je le connaissais depuis la nuit des temps, mais à la différence du best-seller de René Barjavel datant 1968, la carrière de Bruno Putzulu n’est pas un roman de science-fiction et ne va pas se désintégrer dans des sphères surréalistes du style “rencontre du 3ème type” ou The Twilight Zone (4ème dimension). Non, désolé, mais pour une fois je vais avoir l’esprit cartésien et une vision rationnelle, car l’intéressé transforme avec une aisance déconcertante, pour ne pas dire déstabilisante, tout ce qu’il touche en or massif, digne de la maison Van Cleef & Arpels de la Place Vendôme, tandis que d’autres de ses petits camarades n’obtiennent hélas que du plomb. De surcroît, le franco-italien de Normandie transforme tous ses projets artistiques en succès, alors que certains de ses infortunés confrères n’obtiennent malheureusement que fiascos et déconfitures, au risque de boire le calice jusqu’à la lie, ou le bouillon et pas seulement celui de 11 heures. Lui qui a tourné avec les plus grands réalisateurs, de Jacques Audiard à Tavernier, en passant par Godard et l’inénarrable Jean-Pierre Mocky, un extraterrestre dans ce milieu du 7ème art. Lui qui triomphe actuellement sur les planches dans tout l’hexagone et notamment au théâtre Lucernaire à Paris, avec la pièce “Les Ritals”, inspirée du roman de François Cavanna, fondateur de Hara-Kiri et plume sarcastique et intarissable chez Charlie Hebdo. Lui, l’ami personnel de Philippe Noiret, entre épicurisme, chaleur, rondeurs, cigares Montecristo n°4 et monumental joueur de rôles. Lui, Bruno Putzulu, n’a jamais pour autant abandonné sa passion viscérale pour la musique et parallèlement à la pièce “Les Ritals”, qui atteint d’élogieux sommets amplement mérités, sans tambour ni trompette, sans fanfaronner dans d’insupportables talk-shows, sans cabotiner dans des primes times indigestes, il vient de sortir son second album intitulé “C’était Quand”, après “Drôle de Monde” en 2010. Cet opus, à l’instar de celui de Jean-Pierre Kalfon, autre acteur/ chanteur talentueux, ça faisait des années que je l’attendais, secrètement, mais avec l’impatience d’un gosse devant un sapin de Noël, et avec la crispation d’un vampire une nuit d’Halloween. Bruno nous a concocté un album attachant, très personnel, au sein duquel il a laissé parler son cœur et libérer son âme. Bref, au sein duquel il se met à poil. Les 13 chansons ont été écrites par l’interprète lui-même et les textes sont magnifiques, gorgés de nostalgie et de mélancolie, sans pour autant sombrer dans une tristesse imparable qui confine spleen des petits matins blafards lorsque le blues frappe à la porte et qu’il s’invite pour le café. 13 titres d’une poésie paroxysmique et poignante, dans lesquels Bruno Putzulu rend hommage à sa famille, à ses amis, à ses amours envolés, parle de l’envie irrésistible de prendre le large et de tout plaquer, de sa maman, de son papa, de ses racines normandes à Toutainville (Eure), de son sang italien qui coule dans ses veines, de son enfance, de la Sardaigne, de sa quête d’un nouvel eldorado, d’évasions (pas fiscales!), au fils qu’il n’aura peut-être jamais, des lundis sans école, d’interminables parties de foot avec le n°10 de Platini dans le dos, de chez Fulvio l’une des meilleures tables italiennes de Paris, rue de Poitou, là où le Prosecco coule à flots, du “Imagine” de Lennon, d’écologie… avec comme fil conducteur et influence majeure, Le Livre De Ma Mère d’Albert Cohen et des vieux titres d’Yves Simon. Sans oublier les remarquables compositions et les arrangements discrets mais efficaces du très précieux Denis Piednoir.
A l’écoute de cet album, on ne peut s’empêcher de penser aux œuvres d’Yves Simon, Dominique A, Joseph d’Anvers, voire de Miossec et Daniel Darc pour la poésie à fleur de peau et pour les rêves chimériques, illusoires et romanesques. Il est vrai que Bruno Putzulu a toujours baigné dans la musique, avec une mère qui écoutait Piaf, un frère fan de Véronique Sanson et un père inconditionnel d’Adriano Celentano. Il y a pire comme goûts musicaux… Outre son premier album de 2010, Bruno avait écrit une chanson pour son ami Johnny Hallyday, “Ma Vie”, que l’on peut retrouver sur l’album très blues réalisé par Yvan Cassar en 2007 “Le Cœur D’Un Homme”, au milieu d’autres paroliers prestigieux comme Jean Fauque, Michel Mallory, Bernard Droguet ou encore Cabrel. Paroliers prestigieux au milieu desquels Bruno ne fait aucun complexe et n’est en aucun cas le cheveu dans la soupe. Par ailleurs, en 2015, il participa brillamment à la compil’ hommage à Ferré “Eternel Léo Ferré”, avec une interprétation magistrale et habitée de “La Vie D’Artiste”. Sur cet album hommage, on peut également retrouver une superbe adaptation de “C’Est Extra” par Dick Rivers, autre dinosaure du rock’n’roll français et autre ami proche de Bruno Putzulu.
Serait-il devenu le nouveau Facteur X de la chanson française de qualité? Lui l’ami de Johnny, de Dick, à la vie très rock’n’roll sans le savoir, dans l’esprit et dans l’attitude… En tout état de cause, il se rapproche dare-dare du podium et il va falloir que ses concurrents mais néanmoins amis, aillent chercher leur second souffle afin de le coiffer sur le poteau dans la dernière ligne droite des meilleurs auteurs/ interprètes du moment, mais très sincèrement, je ne mettrai pas un billet sur cette hypothèse baroque. Bruno Putzulu s’avère être un véritable chanteur, qui chante vraiment, pas comme ces acteurs en mal d’inspiration qui sortent un album passe-partout, en marmonnant ou en parlant leurs textes insipides. “C’Etait Quand” est une véritable psychanalyse, comme si allongé sur le canapé d’un praticien, Bruno Putzulu sortait de ses retranchements les plus enfouis au plus profond de ses entrailles, en interprétant avec brio ses textes, sublimés par le travail, la musicalité et le savoir-faire de Denis Piednoir. Bien que la réalisation soit sans prétention et sans arrangements omniprésents et inassimilables, c’est un disque à écouter religieusement et avec délectation, car Bruno se sert de sa voix comme d’un instrument à part entière. Un disque pour épicurien qui n’a pas peur de la mélancolie, tout en dégustant un Spritz à Teresa Gallura, un Martini-on-the-Rocks à Cagliari, un calva à Pont-Audemer ou bien en rejouant la Dolce Vita à Toutainville. Cet album de Bruno Putzulu, artiste sincère, authentique et généreux, est tellement un énorme coup de cœur, que je vais le qualifier d’INDISPENSABLE! Et il fait tellement de bien à l’âme et au cœur qu’on pourrait presque se le faire rembourser par la sécurité sociale…

Serge SCIBOZ
Paris-Move

PARIS-MOVE, May 10th 2023

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Bruno Putzulu, ancien pensionnaire de la Comédie-Française, rend hommage au petit franco-rital de la communale, François Cavanna, en adaptant pour la scène son roman éponyme Les Ritals. Un spectacle chaleureux et émouvant dans une langue imagée à souhait.