Pop

Né en 1954, Bruce Randall Hornsby n’est pas seulement l’unique miraculé à avoir brisé la funeste malédiction des claviéristes du Grateful Dead. Embrassant depuis plus de quatre décennies l’ample faisceau des musiques américaines (depuis le bluegrass jusqu’au jazz et à l’avant-garde), il convoque pour son 22ème album un casting où se croisent le leader des Shins (James Mercer), ainsi que le guitariste de Living Colour (Vernon Reid), la chanteuse et poétesse Jamila Woods et le regretté Leon Russell. Capable d’échafauder d’impressionnantes cathédrales sonores en partant du minimalisme d’un Eric Satie, pour y rivaliser avec le lyrisme mélodique d’un McCartney (“Time, The Thief”, “Anything Can Happen” ou la plage titulaire) et une verve orchestrale digne d’arrangements de Randy Newman (“The Rat King”, “Porn Hour”), Hornsby déploie un spectre musical rarement assemblé au fil d’une seule et même œuvre. Entre Peter Gabriel (“Cleopatra Drones”), Donald Fagen (“My Resolve” ou le funky twisted “Bright Star Cast”), les Who d'”It’s Hard” et “Endless Wire” (“No Limits”) et le King Crimson originel (“Shit’s Crazy Out There”), voici donc le nouvel album sans compromission d’un visionnaire poursuivant sa quête d’une aventureuse fusion pop. Moins spontanément convaincante que son prédécesseur de l’an dernier (“Absolute Zero”), gageons que cette livraison ne révèlera tout l’éventail de ses sucs qu’au prix d’écoutes attentives.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 26th 2020