Pop

Né en 1954, Bruce HORNSBY n’est pas seulement l’unique miraculé à avoir brisé la malédiction des claviéristes du Grateful Dead. Embrassant depuis plus de quatre décennies l’ample faisceau des musiques américaines (du bluegrass au jazz), il propose pour son 21ème album un casting où se croisent le master jazz drummer Jack DeJohnette et le sextette ascendant de la musique classique contemporaine, yMusic. Capable d’échafauder d’impressionnantes cathédrales sonores à partir du minimalisme d’un Eric Satie, pour y rivaliser avec le lyrisme mélodique d’un McCartney (“Meds”), il compense l’un de ses rares points faibles (son registre vocal relativement limité) en s’adjoignant à point nommé les harmonisations de Trey Anastasio (Phish). Sur “Never In This House”, yMusic offre la majesté de cordes et de bois dignes des grandes heures de la musique de chambre, tandis que l’ensemble apporte sa radicale modernité au déroulé psycho-cubain du vertigineux “The Blinding Light Of Dreams”. Débuté sur un mode ethno-oriental, “Echolocation” permet à Bruce HORNSBY de réaffirmer son ancrage parmi les musiques du Sud profond des States. Côté funk & smart, “Voyager One” réunit le Townshend de “White City” et le Steely Dan d'”Aja” (ou comment ne pas systématiquement danser idiot). Ce souci de convergence entre exigence et accessibilité traverse les dix plages de cette rondelle, drivée de bout en bout par les claviers de Bruce. Le semi-gospel “Take You There (Misty)”, sur des lyrics du mythique Robert Hunter (parolier du Dead) clôt le ban en toute majesté. Entre Peter Gabriel (“Fractals”), Donald Fagen (“White Noise”) et Randy Newman (“Cast Off”), l’album époustouflant d’un visionnaire poursuivant sa quête irrépressible d’une fusion non élitiste. Osez l’éblouissement.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 23rd 2019

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A découvrir également, la chronique de cet album de BRUCE HORNSBY – Absolute Zero, par nos amis de ALL ABOUT JAZZ, ICI , un album noté 4 ****.