Funk

En matière de funk (comme d’autres courants historiques), tout  est désormais question de références et de filiation. Depuis les JBs et Maceo Parker jusqu’à Bootsy, George Clinton et D’Angelo (voire Jamiroquai, Beyoncé et Kid Creole), le collectif Brooklyn Funk Essentials a tout étudié, disséqué et digéré. Avec sa sixième livraison en trois décennies, le sextette mené par le bassiste, claviériste, guitariste et producteur suédois Lati Kronlund poursuit donc sa quête de la quintessence, au confluent du spiritual jazz et du funk des seventies. Menés par les vocals millésimés d’Alison Limerick, les cuivrés et chaloupés “Scream” et “Sho’ Nuff” évoquent ainsi autant le Earth Wind & Fire de “Last Days And Time” que Galliano, avant que le single “How Happy” renoue avec l’époque dorée où Sylvester et Kool & The Gang enflammaient le dance floor du mythique Studio 54, et que la plage titulaire ressuscite ce funk d’élite que célébraient voici un demi-siècle des formations telles que Sir Joe Quarterman & Free Soul. Les imparables “AA Side Single” et “Rollin'” convoquent respectivement la fibre Chic de Nile Rodgers et celle du Parliament de Bootsy Collins et George Clinton, tandis que le spoken word “Mama” (déclamé par Everton Sylvester) résonne comme l’hybridation réussie de Miles Davis et du raggamuffin. Le lascif “Unkissed” conclusif rappelle quant à lui la soyeuse Sade Adu des early-eighties, mais pour le reste, en se démarquant insensiblement des expérimentations de ses lointains débuts, la formation semble se recentrer sur ce qu’elle a toujours su faire de mieux: groover à mort, comme les rutilantes berlines soul-funk dont elle a remarquablement assimilé l’ADN. Essentials, indeed!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, May 6th 2023

::::::::::::::::::::::::::

BROOKLYN FUNK ESSENTIALS – Intuition: album à commander sur le site de Proper Music

https://www.youtube.com/watch?v=FDdLlHq_Myw