Broken Back Daddy – Scruffy Cat Blues

Autoprod
Blues

Premier véritable album pour cette formation qui accuse ses quinze ans d’âge. Piliers reconnus de la scène régionale (du Beautiful Swamp Blues de Calais jusqu’à Saint-Saulve, sans oublier le festival de Dakar, auquel ils furent le premier groupe non-africain à participer), ces garçons ont peaufiné leur art au fil des rades les plus improbables (“paid their dues”, comme on dit là-bas). Tandis que leur démo les montrait tout à fait à l’aise sur les reprises, cette livraison n’en comprend plus qu’une minorité et concède la part du lion à leurs propres compos. Après avoir planté le décor avec deux de leurs favoris scéniques (“You Don’t Have To Go” de Jimmy Reed, et “Further On up The Road” de Don Robey), ils jouent la carte personnelle dès la plage titulaire, un swing chaloupé aux accents presque rockab’, au fil duquel le timbre rocailleux du Révérend Boom Boom fait merveille, tandis que ses comparses solistes s’en donnent à coeur-joie. Le funky “Stop That Truck” s’inscrit dans la veine du grand Slim Harpo, et c’est ticket gagnant. Chicago shuffle endiablé, l’impeccable “Frozen Shoes” achève de transformer l’essai: les guitares s’y complètent remarquablement, tandis que leurs soli réveillent les ombres tutélaires des regrettés Pat Hare et Luther Johnson Jr. Sur le “Gotta Have Money” de Bobby Rush, ils confirment leur science du boogie, tandis que leur propre “It’s So Hard” passe avec brio l’épreuve du slow blues fourbu, permettant à la guitare de Stéphane Louis et à l’harmo de Laurent Desprez de s’exprimer avec sensibilité. Reste à mentionner une rythmique aussi souple qu’irrépressible, et un harmoniciste maîtrisant son Big Walter Horton sur le bout des lèvres. Une franche réussite.

Patrick Dallongeville
Paris-Move

Broken Back Daddy