BRODY BUSTER ONE MAN BAND – Damn! I Spilled The Blues

Booga Music / Vizztone
Blues

Ex-enfant star, Brody Buster fut découvert lors d’un concert de B.B. King à Universal City, auquel il assistait depuis les coulisses avec sa mère. Précoce autodidacte à l’harmonica, il y fut en effet invité à partager la scène avec le Roi du Blues, et n’avait alors que neuf ans! Élevé par une mère musicienne à la collection de disques bien pourvue (blues, country, rhythm n’ blues), le gamin se fit d’abord les dents au cours de jam sessions aux abords de Kansas City, avant que ses parents ne lui attribuent un backing band, qu’ils bâptisèrent naturellement les BluesBusters… D’une résidence au club de B.B. King à Los Angeles jusqu’à de nombreuses apparitions TV, le prodige ne tarda pas à se bâtir une enviable réputation. Se produisant en formule one-man band lors de l’édition 2017 de l’International Blues Challenge de Memphis, il y remporta la seconde place en tant qu’artiste solo, et la première en tant qu’harmoniciste. Le grand Kenny Neal (qui figurait parmi le jury) le prit alors sous son aile, allant jusqu’à le signer sur son propre label, et produire le présent album. De Joe Hill Louis à Doctor Ross et Duster Bennett, les one man bands sont un phénomène récurrent dans l’histoire du blues, mais par delà la performance (grosse caisse et caisse claire actionnées aux pieds, tandis que les mains jouent la guitare, et que la bouche alterne harmonica et chant!), la seule question qui vaille demeure: cela tient-il la route sur le plan musical…? À présent âgé de 32 ans (et père à son tour de deux jeunes garçons), Brody Buster sait qu’il ne peut plus s’appuyer sur son statut de wonder kid, mais n’est pas de ceux que le challenge rebute. Outre sa virtuosité sur l’instrument à lamelles (traduisant manifestement son quart de siècle de pratique), le bonhomme se révèle ici un guitariste accompli, et un chanteur au timbre aussi évocateur que distinctif. Mais la cerise sur le gâteau réside assurément dans les compositions: les dix originaux ici proposés s’avèrent en effet tout autant ancrés dans la tradition que hautement personnels. La facture roots des arrangements (que la production ne tente nullement d’édulcorer) s’inscrit dans la veine de Hound Dog Taylor (“Like ‘Em Like That”), Hans Olson (“The Wind”) et du jeune Rory Gallagher (“This Time I Got The Blues”), et il faudrait être à la fois sourd et stupide pour ne pas réaliser que l’on est en présence d’un talent majeur.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, October 10th 2019