BRITTI – Hello, I’m Britti

Easy Eye Sound
Americana, Soul
BRITTI - Hello, I'm Britti

Les pygmalions seraient-ils de retour? Après Spector avec Ronnie, Burt Bacharach avec Dionne, Berry Gordy avec Diana, Lee Hazelwood avec Nancy et Mark Ronson avec Amy, Dan Auerbach tente à son tour sa chance avec Brittany Guerin, charmante créature originaire de Baton Rouge (mais résidente actuelle de New-Orleans). Car non content de produire et co-signer le bouzin, ce bon vieux Dan pousse l’investissement jusqu’à en rédiger le communiqué de presse… Il n’a pas forcément tort d’ailleurs, considérant le degré d’inculture, de paresse et de servilité de la critique musicale actuelle, mais en ces temps de copier-coller généralisé, on poussera nonobstant l’éthique jusqu’à en soupeser le pour et le contre. Assurément pour: sous ascendant southern R&B prononcé, ce premier essai se situe en effet dans un faisceau entre la blue eyed soul de Bobbie Gentry (voire Dusty Springfield: “So Tired”, “Still Gone”) et la country MOR façon Dolly Parton (les convaincants “Once Upon A Time” et  “Back Where We Belong”). Par contre, bien que coincées dans une time-capsule dont le curseur semble focalisé sur Muscle Shoals en 1973, ces onze plages n’en déclinent pas moins un mish-mash où défilent, pèle-mêle, les ombres de Tracy Chapman (“Keep Running”), Sade Adu (“Reach Out” ou ‘”Nothing Compares To You” – sans rapport avec son quasi-homonyme signé Prince Nelson, dont la regrettée Sinead O’ Connor fit le hit planétaire que l’on sait) et Diana Ross (“Save Me”, à nouveau sans relation avec Aretha ni Julie Driscoll), d’où l’on peine souvent à discerner une personnalité tranchée. Les enthousiasmants “Silly Boy” et “There Is Nothing” (avec sa bordée de cuivres façon Memphis Horns) pourraient toutefois désigner une échappatoire à ces ambigüités. Souhaitons donc à cette sympathique impétrante d’échapper bientôt à ces Messieurs, qui la cantonnent encore dans un rôle de bimbo docile dont elle ne sort pas grandie. Qu’on se le dise, le coup du lay-out façon Emmanuelle meets Donna Summer in the Cabaret ne fonctionnera peut-être pas éternellement.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 3rd 2024

::::::::::::::::::::::::::

https://www.youtube.com/watch?v=Jo9dqvVtC1Y