BRENT COBB – Keep ‘Em On They Toes

Buddy Records / Thirty Tigers
Americana
BRENT COBB - Keep 'Em On They Toes

Cousin du légendaire Dave Cobb (producteur émérite de Jason Isbell), Brent Cobb est un pur produit de sa Georgie natale. Après un L.P. confidentiel en 2006 (suivi d’un E.P. en 2012), il en a ensuite publié deux autres sur une subdivision d’Elektra Records (Low Country Sound), dont le premier, “Shine On Rainy Day”, lui valut en 2018 une nomination aux Grammy Awards en tant que “Best Americana Album”. Pour sa quatrième livraison, il opte pour un dénuement quasi-janséniste, combinant pour l’essentiel son imparable jeu de six cordes acoustiques et de banjo avec de ci, un piano ou orgue tout en réserve, et de là, un violon et une section rythmique pleins de retenue. En ce genre d’équipage, mieux vaut être doté d’un timbre vocal expressif et d’une inspiration évocatrice, sinon, c’est l’aller simple vers le terminus des prétentieux… Comme en attestent justement ici les terminaux “The World Is Ending”, “This Side Of The River” et la plage titulaire, ce brut de Brent en est amplement pourvu, et son Americana est suffisamment enracinée dans son terreau séminal pour en substraire toute légitimité. Avec une verve digne d’un Billy Swan qui aurait fricoté avec Bakersfield (les irrésistibles “Soapbox” et “Shut Up And Sing”) et un picking fleurant son étude du bluegrass et de Missippi John Hurt (“Little Stuff”, “When You Go”), le gusse arbore sans affectation excessive la sereine assurance de l’affranchi ayant effectué ses classes en première league. Comme chez Willie Nelson (“Good Times And Good Love”), John Prine (“Sometimes I’m A Clown”), Jim Croce (“Dust Under My Rug”) et J.J. Cale (excusez du peu), tout semble ici couler de source, et les dix originaux que propose cette rondelle n’appellent qu’à abuser de la touche replay. Bon sang, il vous en reste encore beaucoup, des olibrius de cet acabit, dans les casemates du vieux Sud confédéré…? Brent Cobb, assurément l’une des confirmations majeures de cette année!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, November 3rd 2020