BRANDON ISAAK – Modern Primitive

Autoproduction / MAPL
Blues
BRANDON ISAAK - Modern Primitive

Issu d’une famille de musiciens et de promoteurs qui manageaient plusieurs clubs de blues dans son Yukon natal, Brandon Isaak embrassa naturellement tout jeune la carrière musicale, et fit notamment partie deux décennies durant des Twisters, fameuse formation de Vancouver dirigée par l’harmoniciste David Hoerl (et qui compta également en son sein le pianiste Kenny “Blues Boss” Wayne). Pour son quatrième album solo à ce jour, il a opté pour une formule minimaliste, en s’enfermant avec pour seuls comparses ses instruments et Keith Picot (dernier bassiste en date des Twisters), dans une suite du Rosewood Hotel Georgia de Vancouver, où résidèrent jadis des légendes telles que Frank Sinatra, Nat King Cole, Bing Crosby et Elvis Presley, tandis que l’une des plus populaires stations de radio en Colombie Britannique émettait depuis ces lieux dans les années 30 et 40. Les onze originaux de cet album y furent enregistrés au cours d’une seule et même session, sous l’égide d’un roué producteur et ingénieur du son, Conrad Hillis. Entre Big Bill Broonzy et le Taj Mahal de “The Natch’l Blues”, le “Lost Loves & Loose Women” d’ouverture en situe d’emblée l’esprit et le climat (de même que “Walk That Road Alone”), tandis que “Three Little Questions” et le mortifié “I Wish I Did What I Said” en font autant avec Keb’ Mo et Howlin’ Wolf. Si, comme me l’asséna un jour le regretté Big George Jackson (disparu fin mars dernier), “you can’t modernize perfection“, il semble que ce soit pourtant le défi que Brandon ait décidé de relever avec cet album. Multi-instrumentiste, il pratique avec le même bonheur la guitare, le lap-steel, le banjo, l’harmonica, la batterie et le piano. C’est sur ce dernier instrument qu’il s’illustre avec “Lucky So N’ So”, dans la veine rumba New-Orleans R&B dont étaient férus les regrettés James Booker et Professor Longhair. Le registre swing si prisé dans les thirties et forties (entre les deux Louis, Armstrong et Prima) permet à Brandon de briller à la gipsy jazz guitar, dans la lignée de Bob Brozman, Leon Redbone et Django Reinhardt, au fil de “Valentine Blues”, “One Too Many Blues”, “Something New”, “Back To New Orleans” et “I Wanna Swing For Christmas”, où son toucher avoisine parfois aussi celui de J.J. Cale (compliment s’il en fut). Il évoque tout aussi magistralement le grand T-Bone Walker sur “Six Little Letters”, dans le style jump de ce Texan, Californien d’adoption. Une perle d’album où, comme l’indique son titre, le terme roots ne s’apparente en rien à la naphtaline.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, July 11th 2021

::::::::::::::

BRANDON ISAAK – Modern Primitive: un album à commander sur son Bandcamp, ICI

Site internet de BRANDON ISAAK: à consulter ICI