BRAD ABSHER & THE SUPERIALS – Tulsa Tea

Horton Records
Southern blues-rock
BRAD ABSHER & THE SUPERIALS - Tulsa Tea

En tant que rejeton d’un couple d’enseignants, Brad Absher aurait pu connaître un destin davantage sédentaire que nombre de ses compatriotes, mais dès lors que son paternel opta pour une carrière plus lucrative dans l’industrie pétrolière, sa famille emprunta à son tour la voie migratoire qui semble le destin commun de maints Américains. Après avoir passé sa petite enfance à Téhéran, il fut néanmoins rapatrié aux States, à Lake Charles, en Louisiane, avant que sa famille ne se rapproche de Tulsa, sa ville natale dans l’Oklahoma. Inutile de rappeler quel vivier de talents y résidait dans les sixties et seventies, quand J.J. Cale, Car Radle, Jimmy Karstein et autres Leon Russell grenouillaient dans les parages. C’est dans cet environnement propice que le jeune Brad s’initia à la guitare électrique, après avoir pu y découvrir coup sur coup Elvis Presley et B.B. King en concert. Devenu à son tour une attraction locale au sein de son propre band, Swamp Royale, il se relocalisa ensuite une quinzaine d’années durant à Houston, dont il représenta l’État lors des éditions 2013 et 2014 de l’International Blues Challenge qui se tient chaque année à Memphis. Back home, il propose à présent son huitième album, enregistré sous la houlette du prestigieux Chris Combs au fameux Paradise Studio qu’érigea en son temps Leon Russell près de Tijuana. Le “Be The Luv” introductif donne le ton: avec l’appui judicieux des No A/C Horns (deux saxes et un trombone) et du Hammond B3 de Danny Timms, ce disque s’ancre d’emblée dans le blue eyed southern rhythm n’ blues qui établit la marque de fabrique de Muscle Shoals et consorts. On franchit quelques frontières de plus avec “Neutral Ground”: Timms passé au Wurlitzer, Absher sort le bottleneck pour une Louisiana vibe, midway entre Dr. John et Lowell George – “Dixie Chicken” feel, indeed. Le temps s’assombrit ensuite avec la ballade “Goodbye For Now”, que Brad dédie à sa fille unique Madison, disparue à 24 ans en 2016. Sa slide y prend des accents déchirants que n’aurait pas renié le Mick Taylor de “Wild Horses”, tandis que les chœurs y évoquent l’esprit du Skynyrd des débuts. La soul s’invite ensuite avec le quasi gospel “As Hard As I Can” (qui débute en slow, avant de prendre son envol upbeat), où le Hammond reprend ses droits, et dont le solo de guitare se révèle bouleversant. “Hard Times” est un funky number tel qu’en produisait Clapton au temps de son premier album solo (quand il était cornaqué par Delaney Bramlett, autre enfant du cru), avant que la gouleyante reprise du “So Tired” des Iguanas ne nous ramène en territoire Little Feat, slide incendiaire, cuivres langoureux et beat chaloupé à l’appui. Avec son funky mid-tempo, son orgue Hammond et ses chœurs, “Should Be Prayin'” n’aurait pas déparé la période Shelter de Freddie King (l’ombre de Leon Russell hante décidément cet album), avant que le “Turn It Up” conclusif n’offre à Brad l’occasion de crooner comme Al Green et Barry White, en un duo lascif avec la vocaliste de Tulsa Briana Wright. Un album d’une chaleur communicative.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, May 28th 2022

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