Rock |
Et voilà un disque français qui fleure bon les sixties dans tout ce qu’elles avaient de positif et d’authentique. Les références au cinéma sont légions et témoignent d’un goût certain pour les sujets d’actualité de l’époque: Jesse James, les quartiers chauds d’Amsterdam, Bonnie & Clyde, les gangsters et les revolvers sur fond d’harmonica western façon ‘Il était une fois dans l’Ouest’. Une fusion des genres fort bénéfique pour les cerveaux aseptisés qui logent dans la plupart des boites crâniennes d’aujourd’hui. D’ailleurs la petite fille du père Noël n’est pas loin de nous et doit faire partie de la bande des potes de ce combo français. L’harmo, encore lui, n’est plus très éloigné des élucubrations de qui vous savez et même le grand Robert Zimmerman est aussi tapi quelque part, dans l’ombre! Un album qui est une vraie bouffée d’oxygène et qui nous change de ce que sèment des émissions radiophoniques prêtes à faire passer pour de la musique n’importe quel son sorti de machines sophistiquées.
Ultime hommage au maître Dutronc et à sa chanson culte ignorée d’eux jusqu’au moment de l’enregistrement studio, ou presque, la reprise de ‘Et moi, Et moi, Et moi’, chanson mythique du siècle passé (hé oui…) qui réunit toujours irrationnellement les foules de dévots. Il suffit d’avoir été présent lors de l’un des concerts du grand Jacques pour savoir de quoi je parle! Cette chanson, on la savoure et on la déguste tel un sybarite nostalgique de temps révolus. Mais l’air frais de cette chanson là et des autres morceaux nous fait délicieusement frissonner. Même les paroles dans la langue de Pierre, Paul ou Jacques, ne nous gênent pas tant elles collent à l’atmosphère qui prévaut dans cette galette.
Boxon, ce sont des petits jeunes qui mordent à pleine dent dans la vie pour nous offrir un passeport vers un temps que l’on croyait révolu! Le premier morceau, ‘Baptême du feu’, chanté en français, ouvre le premier chapitre, tandis que ‘Under Fire’, la version en anglais de cette même chanson, ferme le dernier. Une manière subtile de nous dire ‘à bientôt’ puisque cet ouvrage terminé appelle déjà de nos vœux le suivant.
Boxon, c’est une très belle manière de foutre le bazar, ou le bordel, pour être franc, dans la chanson française stéréotypée et bien trop formatée qu’on nous sert depuis quelques temps. Les paroles claquent comme des portes en plein vent et la musique, loin des machineries de studio et des loops qui alourdissent les titres qui se veulent dansant, est comme un vent de fraîcheur qui vient balayer les sombres recoins des ondes radio.
Cela sonne nouvelle vague à la coiffure rebelle et bien rétro, mélange de légèrement salé et finement sucré, épicé comme un opus des maîtres que furent Dutronc et autre Gainsbourg avant qu’il ne se barre.
Ici, point de gratte saturée aux notes acérées et déchirées, point de rythmique façon bulldozer ou de claviers enivrants jusqu’à l’obsession mais un peu d’harmo et de guitare aérienne qui résonnent comme un hymne au printemps. Celui de la zik, et pas qu’à Bourges.
Référence au grand Jacques, la reprise de ‘Et moi et moi et moi’ est ce cri du cœur qui fait défaut à un monde moderne qui se cherche et qui pourtant voit les équilibres se bouleverser. Alors, en réponse à cet appel, Boxon vous lance ‘Gare à la relance’, mais à vous de découvrir à quelle relance les garçons se réfèrent, car pas loin d’eux se trouve ‘Lucie, Lucie’, une de celles que l’on trouve toujours ‘bien pire que toi’.
Véritable baptême du feu, cet opus est la signature d’un combo qui balaye d’un revers de manche toute cette lourdeur qui noircit les hits enfumés que l’on vous balance à longueur d’ondes FM. Et même si les gars vous chantent qu’ils veulent être ‘Gangster’ et Jesse James, malgré les risques de ‘Balle perdue’, c’est avec un ‘Narcisse blues’ aux paroles touchantes que les compères dévoilent leur vraie nature, celle de garçons bien dans leur époque, dans leurs godasses et dans la chanson française de qualité.
Un album vérité, comme tout ‘baptême du feu’.