BOOGIE BEASTS – Love Me Some

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Blues-Rock
BOOGIE BEASTS - Love Me Some

Avec trois albums au compteur, Boogie Beasts, ce quartette d’Outre-Quiévrain peut d’ores et déjà se targuer (outre son attractivité en clubs et festivals) de l’exploit notoire de réunir deux communautés linguistiques réputées irréconciliables. Se composant à parts égales de Wallons et de Flamands, ce heavy band (qui vient de sacquer le seul Français qui y ait officié) ne revendique que trois amours: le boogie (comme son nom l’indique) et les fesses (la droite et la gauche, sans prédilection particulière). En effet, ses thèmes rémanents alternent entre le sexe, le cul et le porno (cf. ici “Favorite Scene”, “Bring It On”, “In Your Hands”, “Mine All Mine”, etc.), quitte à faire passer les Troggs, Prince et Elmer Food Beat pour d’angéliques séraphins. Entre le ZZ Top de “Gimme All Your Lovin'” (“Bring it On”), les Black Keys de “Thickfreakness” (“The One”) et le T.Rex de “Celebrate Summer” (“Get Away”), ils n’incarnent pas précisément les parangons d’une quelconque orthodoxie, mais leur approche quelque peu bas-du-front (voire du froc) est heureusement compensée par la présence en leur sein (oops!) d’un authentique blues blower, en la personne de l’harmoniciste liégeois Lord Fabian Bennardo. Celui-ci parvient à extirper partiellement de leur glaise des nanards aussi embarrassants que “Run You Down” ou “Get Me Out Of Here”, et d’illuminer des banalités proto-disco telles que “Howl” et “Like A Snake” de quelques giclées séminales (oops again). Mention d’indulgence toutefois envers ce “A Girl Like You” qui évoque un “Baby Please Don’t Go” revisité en commun par RL Burnside et Giorgio Moroder. Il n’empêche, on aura beau barguigner bien bas, les initiales des Boogie Beasts ne les exonèrent pas toujours d’inspirer celles des Bourrins Balourds et des Brabançons Bourrés. Pas sûr que #metoo et les Chiennes De Garde y souscrivent, mais comme disait ma grand-mère, il en faut pour tout à l’égout…

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 14th 2021

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N’en déplaise aux aficionados de “blues” hygiénique et propre sur lui, le son très crade et un peu brutal du quatuor belge est très évocateur et suggère mille et une choses à des tas de fans. Il y eut d’abord Férré Grignard puis, pour faire court, Triggerfinger, et voilà maintenant nos besogneux du blues belges qui débarquent: Jan Jaspers, guitare et chant, Patrick Louis, guitare et chant, Fabian Bennardo à l’harmonica et Gert Servaes, batterie et percussion. Et l’on comprend, dès les premiers riffs, qu’ils ne sont pas là pour discuter du CAC 40. J’ai plutôt le sentiment qu’ils ont enfilé le bleu pour gratter dans l’atelier. Tous les ingrédients pour concocter un jambalaya bluesy sont réunis. Rythme proche d’une transe psychédélique, slide hypnotisant et répétitif, harmo puissant et j’en passe… Sur la galette qui crache le feu, 10 titres + 2 bonus tracks. Ces deux derniers morceaux ont été mixés par le producteur mythique de la scène garage rock de Détroit (The Sonics, the White Stripes), preuve s’il en est besoin, d’une certaine filiation. Ils ont composé eux-mêmes les titres. Je n’ai pas souvenir que leurs deux précédents opus (Come and Get Me et Deep) aient laissé des traces non détachantes, mais celui-là devrait marquer les esprits.  Ils m’évoquent un peu le groupe californien Imperial Crowns, que j’apprécie sans modération! A découvrir!

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, November 7th 2021