Blues, Funk, Soul |
En authentique chef de gang, Boney Fields a toujours su s’entourer. Il n’empêche que pour son septième album en près d’un quart de siècle, force est d’admettre qu’il vient de se surpasser! Songez qu’outre les habituels spadassins qui l’accompagnent d’ordinaire en tournée comme en studio, il s’est adjoint cette fois pour directeur musical le Dakarois Hervé Samb (Marcus Miller, Salif Keita, Meshell Ndegeocello, Amadou & Mariam, Oumou Sangaré, Jimmy Cliff, Kelly Lee Evans et Lisa Simone), tout en s’assurant le concours de l’inestimable Sébastian Danchin (producteur de Jean-Jacques Milteau et Mighty Mo Rodgers, et auteur de l'”Encyclopédie Du Rhythm N’ Blues Et De La Soul”, ainsi que de biographies de B.B. King et d’Elvis Presley, toujours chez Fayard). Signé par Danchin en personne, “The Change Has Yet To Come” évoque ainsi la geste des Mar-Keys et des Memphis Horns (son pont cuivré citant le “Fa-Fa-Fa-Fa-Fa (Sad Song)” d’Otis Redding et Steve Cropper), tandis que le “What Is Wrong With You” de Boney évoque les Temptations période Norman Whitfield. Si l’instrumental “Still Together” ne s’avère qu’un shuffle démarqué de ceux de Freddie King et de la version de “Sweet Home, Chicago” par les Blues Brothers (où se distinguent, outre les quatre cuivres, les six cordes électrifiées de l’excellent Joseph Compagnon), des originaux tels que la trépidante plage titulaire, les poignants “Back In The Day” (où Boney rend hommage à sa mère), “Something’s Holding Me” (avec le Hammond de Pity Cabrera), le très southern soul “Control Of You” et le funky “I Know, Yes I Know” témoignent d’un conséquent travail de composition et d’arrangements (avec en prime les backing vocals de Nadège Dumas et Michael Robinson). Le registre des reprises décline le “Cross My Heart” du regretté James Cotton (mâtiné d’une touche d’Afrobeat et d’un clavinet typiquement seventies), le languide “Crazy ‘Bout You” de Bobby Rush (et son Fender Rhodes chantant), ainsi que le “Thrill Is Gone” de Roy Hawkins que Riley Ben King érigea en hymne intemporel, revisité ici en mode Screamin’ Jay Hawlins circa “I Put A Spell On You”. Il faudrait être sacrément bégueule pour bouder ici son plaisir!
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, September 19th 2023
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