Blues |
Ces deux-là se rencontrent à Douarnenez voici dix ans déjà. Brendan de Roeck est pianiste et guitariste, Violaine Fouquet chante. Ils forment un duo acoustique, et commencent par revisiter les standards du blues et du jazz qui les fascinent. Après deux albums, plus de 500 concerts et quelques festivals de renom, ils franchissent une nouvelle étape avec ce troisième essai, intégralement de leur plume. La Fouquet s’y confirme une vocaliste de premier plan. Son timbre véhicule un panel d’émotions désormais rare en notre hexagone formaté par “The Voice”. Les climats lynchiens que posent Brendan et leurs acolytes (la plage éponyme, ou encore le “Fifteen years” qui ouvre le ban) évoquent autant le delta blues des origines que celui qu’en transposa Ry Cooder chez Wenders. “Sorry My Love” s’avère une parfaite illustration du cocktail tension/ détente qui les caractérise: sur cette complainte douce-amère, Violaine souffle tour à tour le torride et le glacial, tandis qu’une section rythmique subtile à souhait accuse le ressac, et que Brendan s’y fend d’un solo électrique confondant de maîtrise et de feeling. Le ragtime banjo roots de “A Letter” et celui au piano de “Freezing” renvoient aux racines bastringue du duo, mais c’est quand on les retrouve seuls comme sur “Once I Was Young” que l’on mesure la complicité qui les unit. Les arpèges électriques de Brendan s’y enroulent comme des lianes autour de la gorge de sa complice, et quand ils enchaînent sur un boogie enragé façon Hooker (“West Country Blues”), on devine ces Bretons déterminés à laisser leur marque sur la scène contemporaine.