BOB CORRITORE & FRIENDS – Women In Blues Showcase

SWMAF Records / Vizztone Label Group
Blues
BOB CORRITORE & FRIENDS - Women In Blues Showcase

Si Gertrude Pridgett (passée à la postérité en tant que Ma Rainey) est désormais considérée comme la “mère du blues”, force est pourtant d’admettre que son rejeton ne se distingue que rarement pour sa bienveillance envers les femmes. Si un piètre musicien mâle ne put longtemps tromper son monde en tentant de compenser ses lacunes par son pouvoir de séduction (on parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent connaître), ses homologues féminines se voient toujours administrer la double exigence du charme ET de la compétence. Demandez donc à Ana Popovic, Sue Foley ou Whitney Shay ce qu’elles en pensent… Elles vous répondront toutes que (davantage même que dans d’autres domaines artistiques ou professionnels), une femme doit de nos jours encore faire preuve d’une détermination et d’une capacité de travail supérieures à celles d’un homme pour survivre dans les méandres du show-biz. Heureux pour sa part en ménage, le légendaire harmoniciste Bob Corritore nous gratifie cette fois, dans le cadre de sa série “From The Vaults”, d’une douzaine d’extraits de ses conséquentes archives, figurant les performances de huit chanteuses et musiciennes captées dans les studios Tempest de Phoenix (à une exception près). Et dès le “You’re Gonna Be Sorry” (issu du même terreau swamp que Lazy Lester) qu’interprète la chanteuse et guitariste texane (et gauchère) Barbara Lynn (reprenant aussi à son compte le “You Don’t Have To Go” de Jimmy Reed) et les “I Just Need A Friend” et “I Needs To Be Be’d With You” de la Louisianaise Carol Fran, on comprend que la plupart de ces ladies en ont encore gros sur la patate. Heureusement, de jeunes pétroleuses telles que Valerie June (from Memphis) témoignent également d’un tempérament bien trempé, selon le modèle de la queen bee Koko Taylor (apparaissant ici avec son “What Kind Of Man Is This”, enregistré à Chicago avec un Corritore s’y lovant dans le sillage de Walter Horton). C’est le “Wang Dang Doodle” de Willie Dixon (que popularisèrent Howlin’ Wolf et la Koko en question) que dynamite à son tour la moins connue Shy Perry, avec une impressionnante furia. La grande Diunna Greenleaf interprète quant à elle son bouleversant “Be For Me”, ainsi que le “Don’t Mess With The Messer” de Dixon (avec le honkin’ saxophone de Doug James et Fred Kaplan au piano). La propre fille de John Primer, Aliya, dépote en beauté le “Tee Ni Nee Ni Nu” de Slim Harpo, avec pour soutien les guitare alertes de son papa et de Jimi “Primetime” Smith, ainsi que les ivoires d’Anthony Geraci. Carol Fran revient avec le rhythm n’ blues cuivré louisianais “Walkin’ Slippin’ And Slidin'” (où pianote Tom Mahan, tandis que Doug James y double seul les parties de cuivres), avant que la puissante Francine Reed ne conclue sur le “Why Am I Treated So Bad” de Pops Staples, où s’illustrent avec le même brio les guitares fulgurantes et réverbérées de Kid Ramos et Johnny Main. Une fois encore, blues ain’t nothing but a good woman feeling bad, mais le plus injuste n’est-il pas à quel point cela nous fait du bien?

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 9th 2023
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